Intervention de Pascal Cherki

Réunion du 15 octobre 2012 à 18h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

Il s'agit, avez-vous dit, d'un budget de transition avant la remise du nouveau Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale. J'espère que ce document posera clairement la question de la stratégie de la France car un budget, en principe, s'élabore en fonction d'une stratégie.

Le triptyque qui a longtemps prévalu – armée conventionnelle, préstratégique et stratégique – était fondé sur une conception de la dissuasion « du faible au fort ». L'ennemi principal était identifié à l'Est. La composante nucléaire était déterminante et la force d'action rapide reflétait la volonté du pays de se défendre en cas d'invasion. La sanctuarisation du territoire national au sens large – routes d'accès stratégiques comprises – était l'objectif premier de la défense. Le dispositif se situait dans le cadre d'une alliance à caractère défensif, le traité de l'Atlantique Nord, dont l'article 5 prévoit une solidarité mutuelle en cas d'invasion d'un des pays signataires – sans toutefois préciser les moyens de cette solidarité.

Aujourd'hui, la menace à l'Est n'existe plus. L'OTAN conserve un caractère défensif, mais elle a changé de nature. Elle n'a plus seulement pour objectif de sanctuariser le territoire national des États membres ; elle se voit aussi comme une force de projection extérieure. On l'a constaté en Afghanistan et en Libye.

Quelle est, dans ce contexte, la stratégie de la France ? À l'évidence, on n'a jamais tranché. La défense de la France doit-elle être autonome ? S'inscrit-elle dans le cadre de l'OTAN ? Ou visons-nous une défense européenne qui aurait une autonomie de décision par rapport à l'OTAN ? C'est de la réponse à ces questions que doit découler la détermination – voire, le cas échéant, l'augmentation – des moyens que nous allouons à notre stratégie.

En matière de force nucléaire, la France est-elle passée du principe du « faible au fort » qui a toujours été le sien à celui du « fort au fou » ? Aux États-Unis, on assiste à des tentatives pour établir une doctrine de premier emploi. Plus précisément, le budget qui nous est présenté permettrait-il l'emploi d'éléments nucléaires, même de faible dose, dans des munitions sur un théâtre d'opérations conventionnel, comme l'armée américaine l'a fait lors de la première et de la deuxième guerre du Golfe ?

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion