Cette attitude n'est pas très républicaine…
Face aux cris des députés de l'opposition, je m'apprêtais à dire au président de groupe, Christian Jacob, que son tour viendrait. J'ai plutôt le sentiment que leur tour vient de passer et qu'ils s'en rendent compte… (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)
Tout ceci n'est guère conforme à la conception que j'ai du débat que nous devons avoir au cours des cinq prochaines années.
Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mesdames et messieurs les ministres, chers collègues, je ne peux pas commencer mon propos, lors de cette première intervention, sans avoir, au nom des députés de mon groupe, une pensée pour notre collègue Olivier Ferrand.
Il aura siégé bien trop peu de temps à nos côtés. Comme chacun d'entre nous, il voulait exercer cette belle responsabilité qui est celle de parlementaire.
Il voulait, lui qui était déjà si présent dans la vie politique, chercher à ouvrir de nouveaux débats. Il voulait ici bousculer une nouvelle fois les idées reçues. Il voulait sans cesse revivifier le débat public.
Il mettait l'expertise au service des idées et les idées au service de l'action. C'est une méthode qu'il nous lègue. Il n'était pas possible, après le choc qui a été le nôtre, que j'entame cette première intervention sans évoquer ici sa pensée. (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste, GDR et RRDP.)
Monsieur le Premier ministre, vous avez fait connaître au Parlement les principales orientations de la politique que vous entendez mener. Elles ont reçu, vous l'avez vu, un accueil chaleureux. Elles recueilleront tout à l'heure un soutien massif.
Ce qui est en jeu va bien au-delà d'un vote de confiance. Il ne faut pas se contenter de réussir l'alternance, traiter l'urgence économique, juguler le chômage et la dette, défaire l'injustice.
Il nous faut répondre à ce doute qui taraude la nation : avons-nous toujours la maîtrise de notre destin ? Pouvons-nous croire en nous-mêmes, en notre capacité d'influer sur le cours des choses ?
Cette interpellation, qui va bien au-delà des secousses de la crise, révèle l'écroulement d'un système libéral qui, depuis trente ans, prétend dépouiller les États de leurs prérogatives. (Exclamations sur les bancs du groupe UMP.) Elle est dans l'érosion de notre modèle républicain, qu'une décennie de laisser-aller a grevé de dettes et d'inégalités. Elle est dans une société fragmentée, où le déclassement est devenu la hantise, où le travail et l'effort ne suffisent plus à s'écrire un avenir, parce que la richesse nationale a été accaparée par la rente et le privilège.
C'est à ces questions décisives que vous avez commencé à répondre, Monsieur le Premier ministre. Je retiens de votre discours trois éléments-clé, qui combinés ensemble constituent à la fois une méthode et une orientation : le redressement, le changement et le rassemblement, indispensables à notre pays abîmé par la crise et les conséquences des politiques qui ont trop souvent, ces dernières années, oublié le sens des valeurs de la République.
Je retiens aussi de votre intervention, Monsieur le Premier ministre, l'ambition qui consiste à proposer au pays, chemin faisant tout au long de cette mandature, de redessiner la vocation de la France : vocation dans le monde, bien sûr, mais également vocation aux yeux de chacun d'entre nous, car c'est de cela dont il s'agit en définitive, et c'est ce que les Français attendent de nous aujourd'hui.
La situation à laquelle nous devons faire face est connue. La campagne électorale qui a permis l'élection du Président de la République puis l'arrivée d'une nouvelle majorité à l'Assemblée nationale, a été l'occasion pour les Français de tirer le bilan d'une politique menée dix ans durant, et de faire clairement ici le choix du changement.
Surtout, vous l'avez dit, ils ont fait le choix de la justice, le choix du retour de la justice dans notre pays. Et je suis heureux de vous dire, au nom du groupe socialiste, que si, durant les cinq années qui seront les vôtres, à chaque fois, comme le Président de la République s'y est engagé, toutes les décisions adoptées ici sont marquées au sceau de la justice, alors le soutien de la majorité ne vous manquera à aucun moment, Monsieur le Premier ministre. La justice, c'est notre règle d'or à nous ! (Applaudissements sur les bancs des groupes SRC, écologiste et RRDP, et sur plusieurs bancs du groupe GDR.)
L'audit qui vient d'être rendu par la Cour des comptes a dressé un tableau plus sombre encore que celui qui était annoncé.
Vous héritez d'une situation particulièrement dégradée par la crise, bien sûr, mais aussi par les politiques qui n'ont en rien protégé ni la France, ni les Français.