Ce qui compte, c'est qu'in fine les compromis soient solides. Le temps long de la construction européenne le montre. Il est donc tout à fait normal qu'un ministre des affaires européennes allemand exprime ses souhaits en matière d'évolution de l'union économique et monétaire, qu'il dise ce avec quoi il est d'accord, et ce avec quoi il ne l'est pas. Dès lors que l'on accepte ce principe consubstantiel au fonctionnement de l'Union européenne, on doit accepter le fait que, de la même manière, un ministre français puisse s'exprimer avec la même franchise et dire ce qu'il croit bon pour l'Europe et pour son pays, dans le même respect de la relation franco-allemande.
C'est parce que nous avons réussi à instaurer une telle franchise dans notre relation avec l'Allemagne que nous sommes parvenus à bâtir en juin un compromis solide. C'est parce que nous avons réussi à rééquilibrer cette relation que nous avons pu l'ouvrir à d'autres pays, comme l'Espagne et l'Italie. C'est enfin parce que nous avons procédé à ce rééquilibrage et à cette ouverture que nous sommes aujourd'hui capables d'avancer des idées nouvelles pour sortir de la crise et de bâtir des compromis forts qui sont bons pour l'Union européenne.
Vous nous invitez, avec M. Plagnol, à répondre aux propositions allemandes concernant l'avenir de l'union économique et monétaire. Vous vous inquiétez du fait que nous n'y répondrions pas. Je me suis fait apporter, dans l'intervalle entre votre intervention et ma réponse, la liste des réunions organisées par le groupe de M. Westerwelle. Je vous en donnerai les dates, ainsi que le niveau des participants français à ces réunions. Le groupe Westerwelle sur le futur de l'Europe a été lancé en février 2012, par une lettre adressée par M. Westerwelle au gouvernement français. La première réunion a eu lieu le 20 mars 2012. Nous étions représentés par notre ambassadeur à Berlin, qui est talentueux, remarquable et fait un travail excellent, mais n'est pas de rang ministériel. Le 19 avril, à Bruxelles, c'est notre ambassadeur, représentant permanent auprès de l'Union européenne, qui a représenté la France à la réunion du groupe Westerwelle. Le 13 mai, à Vienne, c'est notre ambassadeur en Autriche.
Il y a eu cinq réunions du groupe Westerwelle invitant l'ensemble du gouvernement français à débattre de l'avenir de l'Union européenne. Vous nous expliquez, aujourd'hui, qu'une relation franco-allemande très étroite est nécessaire et qu'il faut participer à ce groupe, alors que sur cinq réunions vous n'avez participé qu'à trois, sans jamais envoyer un représentant de niveau ministériel ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) Voilà la considération que vous avez témoignée au gouvernement allemand et à l'initiative de M. Westerwelle !
Le 20 juillet, une réunion du groupe Westerwelle s'est tenue à Palma de Majorque. Le ministre des affaires étrangères, Laurent Fabius, y était. Le 17 septembre dernier, au moment où le groupe Westerwelle a conclu ses travaux, le ministre des affaires étrangères m'a demandé de l'y représenter, et j'y suis allé. Nous avons donc été représentés à un niveau ministériel à deux réunions de ce groupe depuis le début de notre mandat.