Monsieur le ministre, je n'avais pas prévu de m'inscrire dans cette discussion générale. Nous avons quitté le pouvoir il y a peu, et si vous n'êtes aux affaires que depuis quelques mois, vous connaissez cette matière. Vous avez été un président de la commission des finances de qualité, un adversaire politique redoutable : je sais vos compétences. Il n'y aura donc dans mon propos rien de personnel, si ce n'est des réflexions de nature politique pour fixer un cadre à ce qui nous attend dans les années qui viennent.
Au fond, tout part du discours de Châlons, dans cette belle région de Champagne-Ardenne, à la fin de l'été, lorsque le président de la République, enterrant la campagne présidentielle, tourne le dos à ses promesses, accepte le traité Sarkozy-Merkel et fixe l'objectif des 3 %. C'est le tournant de la rigueur. En 1981, il vous avait fallu deux ans pour vous apercevoir que vous alliez dans le mur. En 2012, il vous a fallu trois mois.
Devons-nous, à l'UMP, contester ce tournant ? Non. À titre personnel, je m'en félicite. Pour avoir été l'un des négociateurs du traité, accompagné le président Sarkozy dans les négociations et vu l'évolution de la position allemande, je me réjouis que l'objectif soit maintenu. Je sais vos convictions et votre détermination : je vous fais pleine et entière confiance pour atteindre cet objectif intangible que nous avions nous-mêmes fixé.
Puisque le traité fixe le cadre de notre discussion budgétaire et les objectifs de ce projet de loi de finances pour 2013, il trace également la ligne de conduite. C'est là où, évidemment, nos points de vue divergent, à savoir quelle part d'équilibre doit exister entre l'effort porté sur les dépenses et celui sur les recettes ?
Je regrette d'abord l'abandon de la RGPP et la moindre implication de l'État en matière de non-remplacement des fonctionnaires partant en retraite : la règle du « un sur deux » produisait ses fruits ; la bonification – des fonctionnaires, en moins grand nombre, mais mieux payés – était une bonne idée. Ce dispositif, qui n'a pas suscité de mobilisation sociale trop dure, a demandé du temps pour être mis en place. Les syndicats n'ont pas bloqué le système. Nous étions parvenus à faire bouger les mentalités. Malheureusement, un peu d'idéologie est passé par là et vous avez tourné le dos à ce qui n'était pas, non plus, l'un de vos engagements de campagne.
Je regrette ensuite la contribution de 75 %. Je n'oublie pas, à ce sujet, votre première réaction à la télévision, monsieur le ministre, lors de la campagne présidentielle (Sourires). Vous vous en souvenez comme moi. Nous partageons quelques interrogations. Mais je ne veux pas vous mettre en difficulté :…