Jamais sous la Ve République un gouvernement n'avait consenti un tel effort de désendettement, non pour faire plaisir aux marchés financiers, mais précisément pour se libérer de leur tutelle.
L'effort, vous le savez, mes chers collègues, est demandé prioritairement aux ménages les plus favorisés, rompant ainsi avec ce qui a été fait ces dernières années ; l'effort, vous le savez, est demandé prioritairement aux grandes entreprises, auxquelles de coûteux dispositifs d'optimisation fiscale permettaient de payer dix points d'impôts en moins que les PME. La Banque publique d'investissement que nous créons pourra mobiliser du crédit bancaire pour ces PME, qui forment la clef de voûte de la politique de réindustrialisation.
C'est un budget qui revalorise le travail, en alignant la fiscalité des revenus du capital sur celle du travail, préservant l'épargne populaire à laquelle nos concitoyens, notamment les classes moyennes, sont légitimement attachés – je veux parler du livret A et de l'assurance-vie.
Ce budget permet également de réorienter et de mobiliser la fiscalité pour accroître l'offre de logements ; il permet enfin d'amorcer la transition vers une fiscalité écologique.
En même temps, et contrairement à ce qu'affirment nos collègues de l'opposition, la masse salariale de l'État est maîtrisée, et ce malgré la priorité accordée à l'éducation, l'emploi, la police et la justice, autant de secteurs que votre politique a sinistrés et que nous devons reconstruire.
Alors, mes chers collègues de l'opposition, je sais que vous rêvez – ou qu'en tout cas vous rêviez, comme l'ont montré vos choix politiques – de refondre le modèle social français, prétextant la crise et la nécessité de réformes, qui n'ont d'ailleurs souvent été que des réformettes. C'est en effet une politique d'austérité que vous auriez mise en place si les Français vous avaient fait confiance, une politique faite de coupes douloureuses, affectant d'abord les classes populaires et les classes moyennes. Vous rêvez d'une politique de réduction des dépenses, allant, pourquoi pas, jusqu'à la baisse des salaires, à l'instar des politiques d'inspiration anglo-saxonne mises en place dans certains pays européens.
Alors oui, aujourd'hui encore et malgré vous, la France a un système social parmi les plus généreux d'Europe ; oui, les dépenses de protection sociale représentent un poste important du budget en France, peut-être plus que dans d'autres pays de l'OCDE ; oui, nous devrons avec sérieux, courage mais dans la justice, mettre en place les réformes nécessaires pour protéger ce modèle social, menacé par la crise, en protégeant ceux qui sont au bas de l'échelle, qui, eux, ne se sont jamais posé la question de savoir s'ils étaient des « pigeons », tant ils sont préoccupés et souvent dans l'impossibilité de se projeter ou d'imaginer pour eux et leurs enfants un avenir meilleur.
Monsieur le ministre, soyez assuré d'un soutien sans faille à votre politique faite de sérieux, de courage, et conforme à nos engagements. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)