Agir sur l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes est nécessaire pour supprimer à la source ce qui génère les inégalités dans les pensions, mais c’est également un moyen d’améliorer le financement du système puisque les ressources des caisses de retraite proviennent des cotisations prélevées sur les salaires. L’effectif de la population active qui cotise est donc un paramètre de premier plan pour l’équilibre financier.
Tout exercice de projection sur les perspectives à moyen terme des régimes de retraite nécessite de faire des hypothèses, notamment sur l’évolution des taux d’activité des femmes et des hommes. Or les hypothèses de l’INSEE sur lesquelles s’appuie le conseil d’orientation des retraites se révèlent très conservatrices et même régressives s’agissant de l’emploi des femmes : elles n’intègrent aucune hausse de leur activité à l’avenir, sauf ponctuellement pour les plus de cinquante ans – conséquence attendue des réformes passées.
Alors que jusqu’à ce jour, l’activité des femmes n’a cessé de progresser, ce qui a permis une réduction – encore insuffisante – des inégalités entre les sexes et reste une condition indispensable pour leur autonomie, les projections prévoient même une baisse de la part des femmes dans la population active : proche de la parité en 2010 – 47,7 % –, elle passerait à 46,9 % en 2060. Le taux d’activité des femmes est pourtant bien inférieur à celui des hommes – 84,2 % contre 94,8 % dans la tranche des vingt-cinq à quarante-neuf ans en 2010. La France ne se classe à cet égard qu’au quatorzième rang européen, loin derrière la Norvège, l’Islande, la Finlande, la Suède, etc., pays qui ne sont pas eux-mêmes des modèles indépassables en matière d’égalité.
Il y a donc de larges marges de progrès, et nous ne comprenons pas le scénario du COR qui revient tout simplement à enterrer l’égalité entre les femmes et les hommes, mais aussi à priver les régimes de retraite d’un fort potentiel de cotisantes.