Outre le fait que tous les Français ne bénéficient pas d’une mutuelle complémentaire, cette proposition a de quoi surprendre, parce qu’elle entretient un doute sur la prise en compte effective des objectifs de santé dans les perspectives budgétaires de financement de la Sécurité sociale. Le constat de la Cour des comptes est juste : moins de 200 millions de frais d’optique sont supportés aujourd’hui par la Sécurité sociale, contre plus de 3,5 milliards par les mutuelles ! Mais en ne traitant la question que de manière comptable, réglera-t-on vraiment le problème ? On peut en douter.
La santé est aussi un secteur économique, avec ses logiques propres : celle des laboratoires pharmaceutiques, qui ont fait du démarchage une source de leur développement commercial ; celle aussi des industries d’équipements qui, par leurs circuits de distribution et leur politique tarifaire, pèsent lourdement sur le budget de la santé.
Réduire les dépenses de santé ne peut se résumer à une succession sans fin de déremboursements ou de transferts de charges vers l’assurance privée : cette ambition n’aura de sens que si nous sommes en mesure d’identifier ces logiques économiques perverses et de lutter concrètement sur ce terrain.
Pourriez-vous, madame la ministre, nous indiquer quelle est la stratégie du Gouvernement sur ce point ?