Le débat sur les 35 heures me fait donc toujours sourire, parce que c'est en Allemagne ou aux Pays-Bas, où la durée moyenne hebdomadaire du travail est de 30 heures, que ce débat devrait avoir lieu. Commençons par tenir compte de la réalité.
Ce qui pose question, c'est ce qui s'est réellement passé pendant la crise. L'Allemagne, qui n'aborde pas ce problème de façon idéologique mais de façon pragmatique, a dépensé 5 milliards en 2009 pour subventionner temporairement la réduction du temps de travail et pour encourager massivement le Kurzarbeit, c'est-à-dire le travail à temps partiel. L'Allemagne avait le même taux de chômage que nous avant la crise, 7,5 %. Aujourd'hui il est de 6 % en Allemagne, et chez nous il est de 10 %, parce que nous avons appliqué cette politique absurde de subventions aux heures supplémentaires.
Vous prétendez que cela a augmenté les revenus, mais cela ne concerne que ceux qui ont un emploi. Tous ceux qui ont étudié cette mesure ont conclu que, dans une situation de chômage, ce que l'on gagne sur les heures supplémentaires faites par ceux qui ont un emploi est perdu du côté de ceux qui perdent un emploi. Entre l'OFCE et l'INSEE, les évaluations varient entre 50 000 et 100 000 pertes d'emplois.
Or une perte d'emploi est une perte de pouvoir d'achat : quand vous faites le bilan, cela n'a donc aucun effet sur le pouvoir d'achat. Alors oui, il était temps de supprimer cette mesure absurde ! (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)