Il n'y a pas d'un côté une politique laxiste qui aurait fait exploser les déficits, et de l'autre un gouvernement rigoureux, sérieux et sage qui fera enfin revenir la France sur un chemin d'équilibre. En réalité, les finances publiques se sont substituées pendant la crise aux finances privées. Ce fut le cas dans tous les pays du monde : nous avons déjà eu ce débat pendant des dizaines d'heures dans cet hémicycle, et il ne faut tout de même pas l'oublier !
En outre, la crise ne date pas de Lehmann Brothers. Lehmann Brothers est une conséquence de la crise. L'économie a évidemment commencé à s'effondrer avant : sinon, Lehmann Brothers n'aurait pas fait faillite. On a bien vu qu'à partir de l'été 2007 la crise des subprimes commençait à irriguer l'ensemble du monde ; partout dans le monde les dirigeants se sont demandé comment et pourquoi ces événements se passaient, quelles étaient ces circonstances très étonnantes, si elles étaient systémiques et si elles étaient américaines. Ce sont ces questions que nous nous sommes posées. Les recettes fiscales de la France ont commencé à baisser à partir de début 2008, et la crise a commencé à s'installer.
Enfin, les heures supplémentaires nous ont permis de nous extraire des funestes 35 heures. Vous avez bien tort de vouloir les supprimer car, ce faisant, vous ne prenez pas parti pour la compétitivité française. Les heures supplémentaires permettent la baisse du coût du travail. Entre 1 et 1,6 SMIC, on baisse le coût du travail en réduisant les charges. Lorsqu'on fait des heures supplémentaires, on va encore plus loin pour s'extraire du carcan des 35 heures : il s'agit donc d'un avantage de compétitivité-prix pour le travail français. Il s'agit aussi d'un avantage de pouvoir d'achat très important pour les Français : quand vous déclarez qu'il faut défendre une politique de la demande par rapport à une politique de l'offre, vous êtes un peu paradoxaux en voulant supprimer les heures supplémentaires.
Dernier point : supprimer les heures supplémentaires, c'est augmenter le chômage. Les entreprises vont en effet, les unes après les autres, diminuer au fil du temps le nombre de CDD, parce qu'elles devront augmenter les salaires des personnes qui faisaient des heures supplémentaires pour compenser le pouvoir d'achat perdu.