Nous ne sommes pas dans la réalité, avez-vous dit au début de la présentation de votre motion de rejet. Cela m’a surpris. Nous ne devons pas vivre dans le même monde, parce que juste après mai 2012 et l’échec à la présidentielle de Nicolas Sarkozy – nous espérons que ce n’est pas une conséquence directe – les plans sociaux se sont succédé les uns derrière les autres. Telle est la réalité et je ne crois pas que ce texte l’ignore.
Sur un point au moins, je rejoins le propos de notre collègue de l’UDI : oui, l’Europe doit être présente dans ce débat. Mais l’Europe, en soi, n’existe pas. Jusqu’à preuve du contraire, la France est un pays qui compte beaucoup en Europe et, si nous avons la possibilité de légiférer sur un texte comme celui-là, on ne peut qu’espérer que d’autres pays européens puissent réfléchir au sujet et que la question se pose à l’échelon européen.
Notre cible, entend-on dire, ce serait les chefs d’entreprise. Soyons attentifs à ce qui se passe : la plupart des chefs d’entreprise dont nous parlons sont de simples salariés des actionnaires ou des fonds de pension qui leur dictent leur loi. Je ne crois donc pas qu’il soit juste d’opposer les salariés et les employeurs concernés, même si certains chefs d’entreprise prennent trop les actionnaires et les fonds de pension pour modèle. Il n’est pas juste d’opposer aux salariés les chefs d’entreprise auxquels vous pensez sûrement, chers collègues, ceux que nous connaissons tous dans nos territoires, mais nous visons les logiques financières qui méprisent très largement le principe de l’entreprenariat.
Je ne crois pas, mes chers collègues, que ce soit à l’UMP ou à l’UDI, que vous défendiez ces prédateurs de l’entreprise. Je ne comprends donc pas que vous puissiez, à ce point, rejeter un texte qui a pour vocation d’essayer de rééquilibrer les rapports et d’aider les gens à se défendre de ces prédateurs. C’est pourquoi notre groupe va rejeter cette motion.