Je souhaite la bienvenue au président du directoire de RTE aux Jeudis de l'énergie. Cette excellente initiative nous permettra, tout au long de ce trimestre, de faire le point sur l'ensemble des enjeux énergétiques.
Les réseaux de distribution d'énergie intelligents, plus communément appelés smart grids , utilisent des technologies informatiques de manière à optimiser la production, la distribution et la consommation. Ils permettent ainsi de mieux mettre en relation l'offre et la demande entre les producteurs et les consommateurs d'électricité. Le recours aux technologies informatiques devrait permettre d'économiser l'énergie, de sécuriser le réseau et d'en réduire les coûts. Ces réseaux d'électricité intelligents répondent également à la nécessité de diminuer les émissions de gaz à effet de serre et donc de lutter contre le dérèglement climatique. Quelle est la stratégie de RTE en ce domaine pour les prochaines années ? Quels investissements sont-ils prévus ? Quel rôle comptez-vous jouer au niveau européen ?
En matière d'effacement diffus des réseaux, la France se doit, sous la responsabilité de RTE, d'équilibrer à tout instant l'offre et la demande d'électricité, en particulier en période de pointe hivernale. Or, les pointes de consommation continuent à s'accroître plus rapidement que la consommation totale. Aux solutions classiques d'importation d'électricité ou de mise en route de centrales de production plus coûteuses, s'ajoutent désormais progressivement les possibilités d'effacement. La loi « NOME » y fait d'ailleurs référence. La société Voltalis est très active en la matière, notamment en Haute-Savoie. Toute séduisante qu'elle soit, l'idée d'effacement n'en est qu'à ses balbutiements et pose à la chaîne des opérateurs que sont les producteurs, les fournisseurs et les distributeurs, des problèmes de répartition des coûts et de mesure physique de l'effacement. Comment RTE fait-il progresser cette question ? Quelles difficultés rencontre-t-il et quelles sont les échéances prévisibles pour définir un mode de fonctionnement efficace et satisfaisant toutes les parties ?
Quant aux capacités de production de la France, la loi « NOME » prévoit l'obligation pour les fournisseurs d'électricité de justifier de leur capacité de production – de manière directe en tant que producteurs ou indirecte par le biais de l'achat sur un marché de capacité. Cette obligation vise à inciter les nouveaux entrants à réaliser de nouveaux investissements en matière de production afin d'assurer l'équilibre entre l'offre et la demande. Comment ce mécanisme garantira-t-il la réalisation de nouveaux investissements au lieu que ne se mette en place un marché financier valorisant les productions existantes ? Ces obligations conduiront-elles à ce qu'à terme, seuls les grands opérateurs de la production puissent être fournisseurs ?
Qu'en est-il du projet Savoie-Piémont qui comprend la construction d'une nouvelle liaison électrique souterraine en courant continu ? Quelle est votre vision des interconnexions entre États ? Il existe actuellement 46 interconnexions entre la France et six États frontaliers qui pourraient conduire à la mise en place d'une politique de réseau européen de l'électricité. Un telle politique permettrait d'optimiser les atouts de chaque pays : l'éolien au Danemark, les barrages en Norvège et dans les Alpes, le nucléaire en France, le solaire en Espagne ... Ou faut-il au contraire privilégier des solutions locales étant donné les problèmes de déperdition d'énergie rencontrés lors du transport d'électricité ?