C'est en effet possible, sachant que le Danemark présente la particularité d'être aussi en interconnexion avec le reste du continent. Il faut savoir qu'une liaison en courant continu se règle comme le débit d'un robinet, soit à l'exportation, soit à l'importation. En revanche, une liaison en courant alternatif s'équilibre automatiquement, sans intervention humaine, comme dans un système de vases communicants.
Pour revenir au sujet des énergies renouvelables, si leur développement a été tardif en France, leur croissance est désormais relativement régulière. La capacité de production d'énergie éolienne croît d'environ 1 000 MW chaque année. Si le rythme de croissance du photovoltaïque est plus heurté, 2011 a vu la mise en service de 1 500 MW de capacité de production d'énergie photovoltaïque, soit plus que d'énergie éolienne. Même si ce que vous avez dit de l'évolution du régime de soutien laisse penser que le volume de raccordements retombera en 2012 aux alentours de 1 000 MW, l'objectif de 5 400 MW, inscrit dans la programmation pluriannuelle des investissements, sera certainement atteint bien avant 2020.
RTE est responsable des raccordements au réseau à très haute tension, monsieur Herth, alors que la majorité des installations éoliennes existantes et la totalité des installations photovoltaïques sont raccordées au réseau de distribution, géré par ERDF, parce qu'elles ne dépassent pas les 10 ou 20 MW. Les installations de production d'énergies renouvelables qui dépasseront ce niveau – certaines sont en projet – se raccorderont au réseau de distribution. Nous ne nous désintéressons cependant pas des conséquences de ces raccordements pour le réseau de distribution, la somme de ces raccordements induisant une baisse apparente de la consommation.
En outre, dans certaines zones de production relativement concentrée d'éolien ou de photovoltaïque, il faut avoir la capacité de faire transiter l'énergie. Dans la Somme, par exemple, où la pointe de consommation est de l'ordre de 300 MW, on projette de produire 1000 MW d'énergie éolienne. Notre défi est d'adapter notre réseau à ce niveau de production, ce qui nécessite parfois de renforcer notre réseau. Pour l'instant, on ne peut pas garantir à nos collègues de la distribution la capacité de faire transiter en toutes circonstances plusieurs centaines de mégawattheures supplémentaires : la France n'est pas une plaque de cuivre. Tout l'intérêt des schémas de raccordement est qu'ils nous permettent d'identifier les zones où le réseau devra être renforcé.
Le grand défi de la transition énergétique impliquera un changement de localisation des moyens de production, d'autant que toute une série de centrales classiques vont être déclassées en application de la directive « grandes installations de combustion ». Certains des sites actuels de production d'électricité sont donc appelés à disparaître, et de nouveaux seront créés ailleurs, peut-être dans des zones portuaires pour les cycles combinés gaz ou, pour les énergies renouvelables, là où il y a suffisamment de vent, de soleil, ou des installations biomasse : adapter notre réseau à cette nouvelle géographie des moyens de production sera un autre défi à relever.