Aujourd'hui un ménage moyen paye son électricité environ 100 euros le megawattheure, 120 avec les taxes. Ce coût total se répartit entre le coût de l'énergie elle-même – environ 56 % de cette somme –, la contribution au service public de l'électricité, la CSPE, qui finance à la fois la péréquation tarifaire, la cogénération, le soutien aux énergies renouvelables et le tarif social, et enfin les coûts de distribution et de transport. Nous sommes aujourd'hui à un point de basculement, la part du coût du transport dans la facture des particuliers étant désormais inférieure à la CSPE, et ce décalage est appelé à s'accentuer.
Le coût de la distribution est beaucoup plus important que celui du transport, le réseau d'ERDF, capillaire et diffus, étant beaucoup plus étendu que le nôtre, et son niveau de tension plus faible, d'où des pertes plus élevées – nous disposons de 100 000 kilomètres de lignes, alors que le réseau de distribution représente près de deux millions de kilomètres. En outre, ERDF dessert 30 millions de consommateurs, alors que nous ne desservons que 500 gros clients raccordés directement au réseau et environ 400 producteurs : ils font du prêt-à-porter là où nous faisons du sur-mesure. Quoi qu'il en soit, nous ne sommes donc responsables du coût des tarifs qu'à hauteur de 7 % de celui-ci. Or, comme pour toute entreprise, de nouveaux investissements entraînent pour nous des besoins de financement.
Pour un effectif de 8 500 personnes, dont les deux tiers directement chargés de l'exploitation et de la maintenance physique du réseau, nos investissements se sont élevés en 2011 à près de 1,2 milliard d'euros. Ceux-ci progressent rapidement, puisque, en euros courants, nous investissons deux fois plus qu'il y a cinq ans, et que nous comptons augmenter nos investissements d'environ 10 % par an, pour atteindre 1,7 milliard d'euros à l'horizon 2016-2017.
Ces investissements sont certes financés par notre excédent brut d'exploitation, mais nous devons recourir à l'emprunt pour couvrir nos besoins de trésorerie. C'est de la bonne dette, puisqu'elle finance de l'investissement, et non un déficit. Nous avons d'ailleurs l'approbation des investisseurs – ils apprécient en outre le caractère tangible des investissements dans les infrastructures –, puisque nous sommes notés A +.
Notre dette est d'environ 7 milliards d'euros. Cela représente certes un ratio élevé, mais ces investissements ont une durée de vie longue – cinquante ou soixante ans pour une ligne électrique –, avec des durées d'amortissement proportionnelles. Le système est donc équilibré sur la durée, même si nous avons des besoins immédiats de trésorerie.
S'agissant des perspectives tarifaires pour les dix prochaines années, nous sommes en pleine discussion avec le régulateur. Nous lui avons indiqué que nous avions besoin d'un tarif indexé sur l'inflation + 1 point, ce point représentant notamment l'alourdissement de nos coûts imposé par l'augmentation des contraintes qui pèsent sur nous, telles que l'enfouissement de nos lignes par exemple.