Notre mission étant de garantir l'approvisionnement, nous sommes contraints d'organiser autrement les flux et de demander aux producteurs de modifier leur plan de production, le surcoût étant à notre charge. Cette charge supplémentaire, appelée coût de congestion, se répercute en effet sur le prix payé par le consommateur. Ce surcoût étant généré par des insuffisances locales du réseau, le renforcement de celui-ci nous permettrait d'assurer la prestation sans rien demander aux producteurs.
Dans certains cas cependant, comme en Bretagne ou en région PACA, qui sont, pour diverses raisons, de véritables « péninsules électriques », nous sommes face à un risque de délestage. S'il ne s'est pas réalisé jusqu'ici en Bretagne, il n'a pas toujours pu être évité en PACA. La fourniture d'électricité étant une mission de service public, nous avons considéré que nous avions le devoir d'informer et de sensibiliser les consommateurs à ce risque. C'est pourquoi nous avons mis en place en Bretagne et en région PACA le programme gratuit ÉcoWatt, fondé sur le volontariat. Ces opérations ont été un succès. En Bretagne comme en PACA, 40 000 à 50 000 abonnés ont participé au programme.
Nous sommes cependant à la recherche de solutions plus pérennes. Un certain nombre d'acteurs – ADEME, conseils généraux et autres – se sont déjà engagés dans des actions visant à éviter ou à ralentir la progression de la pointe, notamment en favorisant l'isolation des logements par exemple. La Bretagne consent des efforts importants pour mettre en place une production d'énergie locale, notamment éolienne. Dans cette région, le Gouvernement a lancé un appel d'offres pour la construction d'une centrale à cycle combiné gaz.
Dans les deux cas, nous proposons de renforcer le réseau par la mise en place de ce qu'on appelle un « filet de sécurité », c'est-à-dire un renforcement sous-jacent. C'est la solution que nous avons retenue en PACA : après que le Conseil d'État a annulé la déclaration d'utilité publique de notre projet de ligne aérienne de 400 000 volts dans les Gorges du Verdon, nous avons décidé de renforcer le réseau sous-jacent à 225 000 volts, solution plus coûteuse et moins efficace. En Bretagne, nous allons réaliser une grande première européenne : cent kilomètres de liaison souterraine de 225 000 volts en courant alternatif. Commencée il y a quinze jours, elle devrait être en service d'ici deux ans et demi.