Intervention de Dominique Maillard

Réunion du 12 juillet 2012 à 9h30
Commission des affaires économiques

Dominique Maillard, président du directoire de RTE :

On cherche une technologie qui permettrait de réduire cet effet joule. Ce pourrait être la supraconductivité, qui annule la résistance, pourvu qu'on trouve les matériaux idoines transportant l'électricité à des températures extrêmement basses – proches du zéro absolu. Cela dit, pour l'instant, le bilan n'est pas positif car, pour réfrigérer, il faut consommer de l'énergie. Mais peut-être que, dans deux, trois ou quatre décennies, on pourra disposer de procédés de supraconductivité à des températures proches des températures ambiantes.

On peut aussi optimiser le volume des pertes dans un réseau donné. C'est tout l'intérêt des smart grids, qui permettraient d'introduire plus d'intelligence dans les réseaux. Ce qui limite l'intensité d'énergie qui transite dans un réseau, c'est l'élévation de température : quand la température d'un câble s'élève – d'environ une centaine de degrés –, il s'allonge ; or, il ne faut pas que le câble s'allonge jusqu'à être trop proche de la terre. Jusqu'à présent, on appliquait des normes uniformes ; or,en hiver, les conditions de réfrigération des câbles ne sont pas les mêmes qu'en été. Par conséquent, on s'est dit que si on était capable de mesurer les conditions de l'environnement à proximité des câbles, on pourrait optimiser : et c'est ce qu'on fait maintenant en adaptant les normes aux conditions météo, ce qui nous permet d'avoir une meilleure valorisation de nos câbles.

On peut également changer de modèle afin de rapprocher le lieu de la production de celui de la consommation. Sur le plan purement théorique, les énergies renouvelables sont de ce point de vue une bonne source d'énergie primaire, chacun pouvant produire son électricité – à terme, si chacun produit son électricité, on n'a plus besoin de transport. Cependant le schéma de production décentralisée a ses limites, les énergies renouvelables étant des énergies diffuses et dispersées. Produire autant d'énergie qu'une centrale thermique classique nécessite un nombre considérable de panneaux solaires ou d'éoliennes. De ce fait, plus on voudra recourir aux ENR, plus il faudra concentrer les moyens de production, comme le montrent les projets d'éolien offshore, qui prévoient des parcs de production de 500 MW, soit l'équivalent d'une tranche d'une centrale à cycle combiné.

Le seul moyen de s'affranchir définitivement du réseau réside dans le stockage, pourvu qu'on parvienne à élaborer des procédés de stockage – concentré ou diffus – fiables et économiquement rentables. Et ce jour là, mon successeur mettra la clé sous la porte et devra gérer la reconversion des personnels.

Le stockage hydraulique, procédé le plus commode, est déjà utilisé, via les stations de transfert d'énergie par pompage, les STEP. Malheureusement, ces STEP sont sous-utilisées, notamment parce qu'elles sont pénalisées par la politique tarifaire : elles paient à la fois en tant que sous-tireur d'électricité et en tant qu'injecteur...

Il y a aussi le stockage par air comprimé, dont le rendement est assez bon, mais il faut disposer des réservoirs géologiques suffisants.

Enfin, le stockage sous forme chimique présente de nombreux inconvénients, notamment sur le plan environnemental.

Quoi qu'il en soit, si nous assurons une veille technologique sur cette question, ce sont les producteurs qui sont concernés au premier chef par ce potentiel d'innovation.

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