Intervention de Pascal Cherki

Réunion du 17 octobre 2012 à 9h15
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPascal Cherki :

En effet, cela ne semble pas les intéresser. C'est dommage.

Je remercie la rapporteure spéciale pour son intervention à la fois précise et concise sur un programme pourtant très dense.

Je souhaite m'attarder un court instant sur une question qui pourra vous apparaître mineure, celle de l'enseignement du portugais en France. En effet, si au Portugal, le français est la deuxième langue vivante enseignée, avant l'espagnol et l'allemand, le nombre d'élèves qui l'apprennent est passé de 410 000 à 237 000 depuis une dizaine d'années, principalement en raison de la concurrence de l'anglais. Et à cause de la compression des crédits consacrés à l'éducation – le budget de l'enseignement au Portugal ne représente que 3,8 % du PIB, soit un des plus faibles niveaux en Europe –, ce nombre risque de continuer à baisser. Le seul moyen d'inverser cette tendance serait que la France améliore sensiblement l'enseignement du portugais, de façon à pouvoir conclure avec le Gouvernement portugais un accord de coopération linguistique, chaque pays s'engageant à favoriser l'enseignement de la langue de son voisin.

En France, seulement 31 500 élèves apprennent le portugais, dont 14 600 dans le premier degré et 16 900 dans le second degré. Mais on note une croissance de 5 % par an depuis les années 2000. Cette aspiration majeure à l'apprentissage de cette langue s'explique d'une part par la présence d'une importante communauté portugaise dans notre pays, désireuse de transmettre un héritage familial et culturel, et d'autre part par la prise de conscience de l'émergence du Brésil parmi les grands acteurs stratégiques mondiaux.

Or malgré cette croissance du nombre d'élèves, on observe une diminution de 25 % du nombre d'enseignants de portugais en France depuis 1998 : de 338 enseignants, nous sommes passés à 254, dont 50 agrégés, 151 certifiés, 3 adjoints d'enseignement et 5 contractuels vacataires. En 2011 et en 2012, aucun poste n'a été ouvert aux concours du CAPES et de l'agrégation, et aucun n'est prévu en 2013. C'est d'autant plus dommage que 20 % des enseignants de portugais sont non titulaires et que le budget de l'éducation prévoit plus de 8 500 créations nettes d'emplois.

Le portugais est la troisième langue européenne parlée dans le monde, avec 234 millions de locuteurs : il vient après l'anglais et l'espagnol, mais devant le français. C'est en outre une langue unifiée depuis l'accord orthographique conclu entre tous les pays du monde lusophone. La France devrait donc réfléchir à l'intérêt de ne pas délaisser l'enseignement de cette langue, notamment eu égard au rôle joué par le Brésil et aux relations qui nous lient depuis de nombreuses décennies avec le Portugal.

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