Intervention de Connie Hedegaard

Réunion du 11 juillet 2012 à 17h00
Commission des affaires européennes

Connie Hedegaard, Commissaire européenne en charge de l'action pour le climat :

Je vous remercie de vos remarques et questions. Je veux être ni pessimiste ni optimiste mais réaliste dans le domaine des négociations internationales sur le climat. Il y a certainement un réel désir d'avancer qu'il ne faut pas sous –estimer. Certes les intérêts en présence sont divers, comme le problème de l'élévation du niveau de la mer qui vient d'être évoqué. Les questions sont très complexes et il faut approfondir les connaissances scientifiques pour pouvoir avancer.

Il faut aussi définir le rôle de chacun et établir le principe de responsabilité commune mais partagée. Ainsi, les pays développés en 1992 ont-il dû s'engager à verser des subventions et à réduire leurs émissions alors que les autres pouvaient ou non contracter les mêmes engagements.

Rio n'a pas été assez loin de ce point de vue et on ne peut pas continuer à agir dans une situation de confrontation NordSud car le contexte international a évolué vers une interdépendance. En effet, ce qui affecte les uns a des conséquences pour les autres, cela apparaissant dans les négociations actuelles sur le climat. Il est alors tentant de dire que le Nord devrait être pionnier en la matière mais le Brésil, la Chine ou l'Afrique du Sud doivent s'impliquer pour tenter de mettre en place une croissance plus durable sans répéter les erreurs des pays du Nord. Il y a encore des confrontations mais aucun autre forum ne pourrait nous permettre d'arriver à des résultats aussi satisfaisants, et c'est pourquoi nous participons à ces conférences. Les experts ont mis dix jours, à Durban, pour se mettre d'accord sur l'ordre du jour, ce qui est évidemment excessif.

Depuis Copenhague, plus de 82 pays ont des objectifs nationaux dans ce domaine, et tous les pays du G20, sauf l'Arabie Saoudite. Donc il y a des progrès et ce n'est pas parce que certains pays ne prennent pas d'engagements dans le cadre de ces négociations qu'ils ne font pas de progrès. Certains avancent, comme la Chine, par exemple, où certaines usines de production de ciment sont pionnières, pour le respect de normes plus exigeantes que celles appliquées en France. Il ne faut donc pas sous estimer les efforts faits par ces économies.

Concernant le nucléaire, je vous rappelle que la Commission estime que le choix du bouquet énergétique est du ressort de chaque État membre.

S'agissant des taxes aux frontières, nous mentionnons la possibilité d'en instituer au cours des négociations. On serait très satisfait si on pouvait forcer la Chine à instituer un système d'échange de quotas. On travaille actuellement à établir sept projets pilotes d'échange de quotas qui profiterait à 250 millions de personnes. Mais cela est difficile à mettre en place.

L'agriculture doit utiliser de nouvelles technologies pour s'adapter au changement climatique. Je ne connais pas bien le secteur agricole français, mais dans de nombreux pays, des cultures énergétiques sont effectuées dans les milieux humides. On peut aussi produire du biogaz par valorisation des déchets agricoles. Il est important pour ce secteur de s'appuyer sur la connaissance pour trouver des cultures plus résistantes et pour empêcher les sols d'être inondés. Il y a beaucoup de réponses possibles à trouver en liaison avec les agriculteurs mais les solutions applicables en France ne le seront pas au Danemark ou en Espagne. Les subventions agricoles européennes pourraient aussi faciliter la découverte de solutions pour le bien commun.

La science ne peut certainement pas dicter les mesures politiques à prendre mais il faut en tenir compte pour prendre des mesures intelligentes au XXIe siècle. Certes, on pourra nous dire, dans vingt ou trente ans, qu'on a fait fausse route mais est-ce que cela sera dramatique si on a réussi à mettre en place des transports et des habitats moins énergivores et plus respectueux de l'environnement? Le risque encouru n'est pas très grand si on prend des mesures intelligentes.

L'été dernier, au Danemark, pays passant pour être sensible au changement climatique, des inondations sont intervenues à trois reprises aux mêmes endroits, ce qui a surpris la population qui s'est plainte de ne pas avoir été prévenue. Ces phénomènes se répètent pourtant année après année et les scientifiques ont dit que le changement climatique se marquera, au Nord, par des précipitations plus abondantes. Nous n'aurions donc pas dû être surpris, ce qui renforce la nécessité de prêter attention aux avis des scientifiques afin de faire preuve de réalisme pour trouver les solutions qui s'imposent à la problématique du changement climatique.

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