Intervention de Jean-Pierre Dufau

Réunion du 22 octobre 2013 à 21h10
Commission élargie : action extérieure de l'État

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Dufau :

Les députés SRC voteront le budget de la mission « Action extérieure de l'État », même si ce n'est bien sûr pas celui qu'ils auraient souhaité.

Ce vote positif relève à la fois du bon sens et de la raison. Le Gouvernement et sa majorité doivent en effet faire face à l'endettement inconsidéré du pays qui leur a été laissé en héritage. Sous peine que la France ne perde sa place dans le concert européen et celui des grandes nations, le Gouvernement se devait de serrer les boulons de la dépense publique.

Comme d'autres, le ministère des affaires étrangères doit donc faire un effort – effort douloureux, mais indispensable pour préserver l'avenir. Difficile, l'exercice est néanmoins demeuré modéré et n'altère pas la possibilité de rebondir dans le futur.

Un effort de rationalisation a eu lieu, qui a pu s'appuyer sur le repli conjoncturel de nos contributions obligatoires. Poursuivant dans des voies déjà explorées ces dernières années, on s'est efforcé de combiner économies et efficacité administrative. Ainsi a-t-on mutualisé des services diplomatiques, consulaires et culturels extérieurs avec certains partenaires européens, l'Allemagne en particulier. Concourent également à l'effort un recours accru au numérique, qui permet de réduire les frais d'abonnement à certaines publications, et le recrutement de personnels locaux – lesquels bénéficient désormais d'une couverture sociale.

Ces choix, contraints, ont permis de dégager quelques marges qui ont été utilisées au mieux dans le contexte budgétaire actuel. Les bourses au bénéfice des enfants de nos compatriotes résidant à l'étranger ont été abondées. La sécurité de nos ambassades et consulats situés dans des régions sensibles a été renforcée. Trois cents agents ont été affectés dans des pays émergents, où, placés au service de la diplomatie économique à laquelle vous tenez, monsieur le ministre, ils devraient contribuer à renforcer l'attrait et l'influence de la France.

Notre vote positif en faveur de ce budget, imposé par la raison plus que choisi, ne peut toutefois masquer nos interrogations pour le futur.

Bien qu'il en aille de l'influence de notre pays, le ministère des affaires étrangères a, depuis plusieurs années, contribué plus que d'autres à l'effort de réduction de la dépense publique.

La France peut s'enorgueillir d'avoir l'un des réseaux diplomatiques les plus importants au monde, en tout cas le plus dense de tous les pays européens. Elle souhaite aujourd'hui, pour reprendre votre propos, monsieur le ministre, « aller au-delà de l'héritage pour couvrir la géographie du futur ».

Sous le quinquennat précédent, les ambassades ont été classées en différentes catégories, certaines, dites à format réduit, ayant vu leurs personnels diminuer. Des consulats ont été classés « en gestion simplifiée ». D'autres, ainsi d'ailleurs que plusieurs ambassades, ont fermé. La question se posera tôt ou tard du maintien d'un réseau diplomatique certes encore étendu, mais de plus en plus virtuel.

Responsable par délégation de la section française de l'Assemblée parlementaire de la francophonie (APF), il ne m'a pas échappé que le nombre de nos agents avait diminué dans certains pays d'Afrique noire et du Maghreb, de même que la part des bourses accordées par la France à des étudiants étrangers. Je partage votre ambition, monsieur le ministre, d'aller vers l'avenir. Mais, si l'avenir est en Asie ou en Amérique latine, il est également, pour la France, au Maghreb et en Afrique noire.

Dans l'attente de ce que vous pourrez nous dire sur ces deux points, je vous renouvelle, monsieur le ministre, le soutien des députés SRC, qui sont conscients des difficultés et de la nécessité pour notre pays d'assainir la situation des finances publiques qui lui a été laissée en héritage.

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