Le gaulliste que je suis est convaincu que nous partageons tous « une certaine idée de la France ». Le budget de la mission « Action extérieure de la France » est celui qui doit nous permettre de faire vivre notre vision du monde, notre vision de l'Europe, de renouveler nos relations avec le continent africain ou encore de renforcer le dialogue avec des régions du monde comme l'Amérique latine où il était jusqu'à présent limité. Pour résister au géant que sont les États-Unis, nous devons faire preuve de détermination dans notre action diplomatique.
Les crédits du programme 151 augmentent de 8 % par rapport à l'an passé, en raison essentiellement de l'organisation des élections à l'Assemblée des Français de l'étranger. Ces crédits servent à animer le vaste réseau de consulats généraux qui fait notre fierté : il faut renforcer notre action en ce domaine, tout en la réorganisant. La dotation prévue devrait nous permettre de conserver ce réseau, le deuxième au monde. Les crédits attribués à la Maison des Français de l'étranger, dont la mission est d'informer les Français désireux de s'installer à l'étranger, progressent de 34 %, du fait surtout de l'extension de ses activités. Les crédits de l'action 2 « Accès des élèves français au réseau de l'AEFE » augmentent de 8,5 millions d'euros. Mais, dans le même temps, ceux de l'AEFE baissent de 8 millions, si bien que c'est l'Agence qui financera l'essentiel de l'augmentation de ces bourses.
Si les crédits du programme 105 ne régressent que légèrement, ceux de l'action 4 « Contributions internationales » diminuent, eux, de 5 %. Il est regrettable que la contribution de notre pays à l'Organisation des Nations unies baisse de 43 millions d'euros. Notre influence dans les organisations internationales, qui n'est déjà pas des plus fortes, ne pourra qu'en pâtir. L'effort de 10 millions d'euros supplémentaires consenti en faveur de la sécurité de nos ambassades est, quant à lui, indispensable.
Avec plus de 220 millions de locuteurs, le français est encore la sixième langue parlée au monde. Or, au sein du programme 185 « Diplomatie culturelle et d'influence », dont les crédits baissent de 3 %, ceux destinés à la promotion de la langue française diminuent de 3,5 millions d'euros. Ce n'est pas en réduisant sans cesse ces crédits que nous parviendrons à accroître la diffusion de notre culture et de nos valeurs, et donc aussi à conforter notre poids économique dans le monde.
Alors que 7 millions d'euros vont être dépensés en licences Microsoft, ne pourrait-on pas former des agents consulaires à des logiciels libres comme Linux, dont l'exploitation est gratuite ? Les sommes économisées pourraient utilement être réaffectées.
Mme Schmid évoquait tout à l'heure le Label France. Sans doute serait-il judicieux de trouver une autre dénomination, plus appropriée pour les écoles francophones.
Monsieur le ministre, on ne peut qu'être d'accord avec les grandes lignes de votre action et la philosophie qui l'inspire, mais force est de reconnaître que « l'intendance ne suit pas ». Ce n'est certes pas de votre faute, mais il faudrait faire quelques efforts. Le professeur bienveillant que j'étais et que je suis sans doute resté vous mettrait une note satisfaisante, monsieur le ministre, assortie toutefois de l'observation « Peut mieux faire ».
Même s'il reste beaucoup à faire, en matière de bâtiments notamment, nous avons la chance de disposer d'un réseau diplomatique exceptionnel. Le monde attend énormément de la France : donnons-nous les moyens de continuer à professer nos valeurs de démocratie, de liberté, de respect des droits de l'homme, de culture et de paix. Ni votre bonne volonté ni celle de tout notre réseau diplomatique ne peuvent, hélas, pallier le manque de moyens. Nous n'avons plus aujourd'hui les moyens de nos ambitions.
Pour toutes ces raisons, le groupe UMP ne pourra pas voter ce budget.