Permettez-moi, avant de commencer mon propos, d'avoir une pensée pour les militaires, femmes et hommes, dont la conduite exemplaire a démontré la grandeur de la France et son implication dans la défense des libertés et des droits de l'homme. Je tiens à rendre un hommage particulier à celles et ceux qui n'en sont pas revenus indemnes et à saluer nos soldats présents au Mali depuis bientôt dix mois. L'action exemplaire qu'ils y mènent fait la fierté de la France.
En engageant ses troupes, la France agit pour défendre la démocratie et la liberté, et lutte contre le fondamentalisme, combat dans lequel elle a prouvé sa valeur. Rappelons que notre pays, revenu dans le commandement intégré de l'OTAN, n'a reçu aucune aide sur le champ de bataille. Les avancées rapides de l'opération Serval et les succès rencontrés depuis le début de la mission au Mali ont, une nouvelle fois, prouvé la qualité de nos hommes et de notre matériel. À cet égard, je dois vous faire part, monsieur le ministre, des craintes du groupe UDI s'agissant du budget de la défense pour 2014, qui n'est ni bon ni mauvais, plutôt une continuité.
L'opération Serval est une preuve supplémentaire, s'il en était besoin, de la nécessité de maintenir le budget de la défense à un niveau suffisant pour les années 2014 et suivantes. La défense, qui contribue déjà de manière très significative au nécessaire effort de redressement de notre pays, ne peut pas être une variable d'ajustement budgétaire. Une réduction démesurée de son budget emporterait des conséquences dramatiques. Compte tenu du format de nos armées et de l'état de notre matériel, la France sera-t-elle encore capable, demain, de mener avec succès des opérations semblables à celles conduites en Côte d'Ivoire, en Libye, en Afghanistan ou au Mali ? Avons-nous les moyens budgétaires pour faire face à l'indispensable remise en état des matériels revenant d'OPEX ? J'ai entendu les plus grandes craintes à ce sujet. Par ailleurs, nos casernes nécessitent plus qu'un ravalement de façade. Il en va du moral de nos troupes.
Depuis 2001, les dépenses militaires ont augmenté de plus de 50 % dans le monde. En Europe, l'écart entre la défense britannique et française se creuse, cependant que le budget augmente en Allemagne. La prise en compte des évolutions spontanées de la dépense aurait dû conduire à une revalorisation des crédits pour les années 2013 et 2014 : en réalité, ce sont 2,2 milliards d'euros supplémentaires qu'il aurait fallu injecter dans la mission « Défense » chaque année. Or cette mission est la première victime des coupes budgétaires de l'État. Quand le Gouvernement se rendra-t-il compte que ce ministère doit être considéré comme prioritaire ?
Ces réductions auront, parmi de multiples conséquences, un fort impact sur le format des armées. En 2014, comme en 2013, non seulement le ministère devra continuer de faire face aux réductions d'effectifs compensant les créations de postes dans les ministères prioritaires, mais il sera le plus touché. Ainsi la nouvelle loi de programmation militaire 2014-2019 prévoit-elle la suppression de 23 500 postes en plus des 54 000 prévus dans la précédente LPM. Quelles garanties êtes-vous en mesure d'apporter à nos armées face à ces suppressions massives de postes ?
L'opération Serval a mis en évidence l'isolement de la France au niveau européen et international. Nous le regrettons d'autant plus que le groupe UDI croit fermement en l'Europe de la défense, dont il appelle de ses voeux l'aboutissement. Nul doute que la mise en commun des moyens à l'échelle européenne conduirait à la formation d'un ensemble réellement puissant, capable de prendre toute sa place sur la scène internationale. Une telle avancée permettrait également à la France, en concertation avec ses partenaires, de mettre en oeuvre des économies réfléchies et pertinentes. Quelles initiatives la France entend-elle prendre pour jouer enfin le rôle moteur qui doit être le sien auprès de nos partenaires européens ?
Les députés du groupe UDI sont tout à fait conscients de la difficulté de la période pour la défense et du poids écrasant des contraintes budgétaires nationales. Mais l'angoisse dans les armées et dans l'industrie de la défense est telle, qu'ils déplorent que ce budget pour 2014 n'y réponde pas.