J'ai rapidement évoqué cette question en parlant du passage d'une politique du chiffre à une culture du résultat. La première a parfois tyrannisé et même mis en danger nos forces de l'ordre. Les objectifs affichés conduisaient les policiers et les gendarmes, soucieux de les atteindre, à se détourner de leurs missions premières de protection des citoyens. Les statistiques en découlant, contestables et contestées, étaient mises en valeur par une communication gouvernementale spectaculaire, agrégeant des réalités sans rapport les unes avec les autres dans le seul but de faire apparaître une diminution du nombre des délits, bien loin de ce que constataient nos concitoyens.
Le Gouvernement a donc mis fin à ce système d'injonctions paradoxales, au bénéfice d'une politique du résultat : l'évaluation quantitative de l'action des forces de l'ordre est ainsi complétée par une évaluation qualitative, prenant en compte la satisfaction du public. C'est donc la fin de la chasse aux « shiteux » et aux sans-papiers, qui permettait de gonfler artificiellement le taux d'élucidation dans la mesure où celle-ci se confondait avec la constatation de l'infraction.
Cette politique a, depuis dix ans, creusé un fossé d'incompréhension entre les forces de sécurité et la population, tout en conduisant à la suppression de milliers de postes. La nouvelle politique ne s'appuiera donc plus, s'agissant des indicateurs de performance, sur des chiffres bruts, mais sur des tendances d'amélioration.