Intervention de Jean-Pierre Barbier

Séance en hémicycle du 24 octobre 2013 à 21h30
Projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2014 — Article 37

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Pierre Barbier :

Il est connu, en effet, que les patients terminent rarement les traitements qu’ils entament. En ce qui concerne les antibiotiques, la mauvaise observance est d’ailleurs une pratique préoccupante, en ce qu’elle est à l’origine des phénomènes d’antibiorésistance. Les professionnels libéraux disposant de systèmes informatiques performants, il me semble que l’on aurait pu procéder à une enquête au sein des officines, afin de déterminer dans quelles proportions les patients se voient prescrire des traitements non adaptés en termes de conditionnement.

Par ailleurs, madame la ministre, le choix de l’antibiotique pour procéder à l’expérimentation de la délivrance à l’unité n’est pas forcément le meilleur choix qui soit. En plus des conditionnements pédiatriques, qui présentent des spécificités, il existe d’autres conditionnements – par trois, six ou douze unités –, résultant des efforts de présentation accomplis par certains laboratoires, qui permettent d’adapter parfaitement la dispensation au traitement.

Pour ce qui est du coût, celui des antibiotiques et de leurs génériques varie entre 2,62 euros pour l’amoxicilline et 20 euros pour les antibiotiques les plus prescrits – ce qui, dans le second cas, représente un coût hebdomadaire de 7 euros. Les possibilités d’économies ne sont donc pas évidentes.

En dépit de l’heure tardive, je ne peux enfin passer sous silence le problème de la traçabilité : comment fera-t-on en cas de nécessité d’un rappel de lots ? Cela pose des questions en termes de responsabilité. De même, la rémunération des pharmaciens est un sujet qu’il faudra bien envisager à un moment ou à un autre : de ce point de vue, je ne suis pas convaincu que les économies soient au rendez-vous.

Bien sûr, cette expérimentation mérite une discussion, il ne s’agit pas pour les pharmaciens et les professionnels d’écarter d’emblée cette possibilité. Simplement, madame la ministre, je crois qu’il serait bon de l’explorer un peu plus avant, et peut-être de choisir une autre classe thérapeutique. Les pharmaciens ont conscience que leur profession est en pleine mutation, ils sont prêts à l’accompagner mais, de cette manière empirique, cela nous paraît vraiment dangereux d’un point de vue de santé publique.

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