Intervention de Anne Lauvergeon

Réunion du 23 octobre 2013 à 11h00
Commission des affaires économiques

Anne Lauvergeon, présidente de la commission Innovatio :

Sans doute, mais quelle perte de temps et d'efficacité !

J'ajoute que l'achat d'un produit par l'État ou par une collectivité est une vraie référence pour les entreprises : cela leur permet de se développer et d'exporter beaucoup plus facilement !

Nos propositions sont cohérentes avec les orientations du Conseil national de l'industrie comme avec les trente-quatre plans du ministère du redressement productif. Ces démarches sont profondément complémentaires : les trente-quatre plans partent de l'existant, ils ne sont pas conçus pour l'innovation ; ce sont des plans à court et moyen terme. Nos travaux visent à identifier ce qu'il ne faut surtout pas rater dans les prochaines décennies. Cela n'exclut pas de s'intéresser à ce qui existe déjà, cela n'exclut pas que des projets passionnants et tout à fait différents puissent surgir ailleurs !

Je peux comprendre votre surprise, puisque ces différents projets ont été présentés presque simultanément, mais je vous assure que nous avons travaillé en très bonne intelligence.

Monsieur Reynier, nous avons voulu être très pragmatiques – les membres de la commission partagent la passion de l'innovation, et sont tous des gens efficaces, soucieux de construire. Nous ne faisons pas des rapports pour le plaisir de faire des rapports. Nous souhaitons travailler sur l'élimination des freins législatifs et réglementaires à l'innovation, mais aussi, inversement, sur les mécanismes qui permettraient de faire bouger les lignes.

La sûreté et la sécurité, vous avez entièrement raison, sont essentielles, notamment dans le domaine de l'énergie : bien sûr, nous avons oublié l'époque des black-outs, mais il faut se méfier ; l'attente de nos concitoyens en la matière est très claire : ils ne supporteraient certainement pas des coupures de courant régulières !

Le big data est un terrain d'innovation extraordinaire. Si nous réussissons à proposer à nos entreprises le terreau adéquat pour inventer des systèmes qui protègent les données privées tout en assurant la sécurité des échanges, nous ferons un tabac mondial, grâce à une remarquable campagne publicitaire : PRISM ! Ce que vous ferez en matière législative et réglementaire sera d'ailleurs crucial même si, sur certains sujets, il faut, je crois, savoir ne pas légiférer.

La dimension européenne de notre travail est évidente : tous nos projets ont vocation à devenir européens. Mais, à vingt-huit, c'est beaucoup trop compliqué, nous userions le soleil. La solution réside plutôt dans les projets à trois ou quatre, sur le modèle d'Airbus. Il faut effectivement construire des acteurs européens de dimension mondiale.

En matière d'innovation, madame Dubié, la France n'est pas toujours mal classée : le classement américain Thomson-Reuters place ainsi douze grands groupes et centres de recherche français parmi les cent premiers mondiaux, ce qui nous place en troisième position derrière les États-Unis et le Japon – devant l'Allemagne. Ne cédons pas à la morosité ambiante : nous sommes très bons !

La répartition de la recherche et développement est en effet très atypique dans notre pays : nous faisons bien trop peu de recherche privée et énormément de recherche publique. C'est un très vaste sujet. Quant au crédit d'impôt recherche, je le considère comme un outil très intéressant : hier, le responsable d'une entreprise allemande m'a dit que son existence l'avait convaincu de développer la recherche que sa société effectue en France. Il faut sans doute examiner de près les modalités de ce dispositif, mais ce que les entreprises veulent avant tout, c'est de la stabilité, de la visibilité à long terme. Et plus elles sont petites, et donc fragiles, plus c'est le cas.

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