Changer les règles du jeu serait donc catastrophique.
Aucun robot, bien sûr, ne remplacera jamais la présence humaine. Mais les objets connectés peuvent permettre de rester chez soi plus longtemps, par exemple. Ils favorisent aussi la prévention. Regardez par exemple ce petit appareil, le capteur d'activité de l'entreprise française Withings : il compte vos pas, calcule les calories que vous consommez, analyse votre sommeil… Nous n'en sommes qu'au tout début de ces évolutions, j'en suis convaincue. Cela pose d'ailleurs aussi le problème de la sécurité des données ! Mais l'entreprise qui fabrique ce capteur doit pouvoir se développer, avant d'être avalée par un gros poisson.
Quant à notre école, elle met en effet en avant le négatif plus souvent que le positif : si, dans une dictée de cent mots, un enfant fait deux fautes, le maître lui enlève quatre points ; aux États-Unis ou au Brésil, vous avez 98 mots justes, et vous êtes un petit génie ! De même, aux États-Unis, si vous fondez une start-up et qu'elle échoue, on considère que vous avez osé et appris beaucoup ; en France, jusqu'à très récemment, vous étiez inscrit pendant cinq ans dans un fichier tenu par la Banque de France ! C'est heureusement terminé, et c'est un grand progrès, mais le fait était édifiant.
Monsieur Tardy, les réticences du monde médical vis-à-vis de l'usage des données massives sont réelles, profondes, mais l'évolution sera, j'en suis sûre, rapide. Il faut d'ailleurs peut-être se demander si l'on doit continuer de former nos médecins sans les initier à la gestion et aux nouvelles technologies.
Pour notre commission, les prochaines étapes, ce seront le lancement des concours, le 2 décembre, et le deuxième rapport. Mais je compte vraiment sur vous pour identifier les freins à l'innovation, ainsi que tout ce qui pourrait nous permettre de renforcer celle-ci. Les partenaires sociaux détiennent une partie de la réponse, mais le Parlement est un acteur central.
Nous devons fabriquer du consensus, du consensus politique entre la majorité et l'opposition, mais aussi de façon plus large. Quand j'étais à la tête d'AREVA, j'avais été interviewée par l'animateur de l'émission américaine Sixty Minutes, qui voulait savoir comment une femme pouvait être à la tête d'une telle entreprise dans un pays aussi macho que le nôtre, et comment un pays aussi versatile avait pu mener aussi opiniâtrement une même politique du nucléaire pendant trente ans. Le premier problème est réglé ; quant au second, je dirai qu'il nous faut désormais montrer la même ténacité pour réaliser les ambitions définies par notre commission.
S'agissant enfin du cadre budgétaire, madame Massat, nos activités se déroulent dans le cadre du Commissariat général à l'investissement ; 300 millions d'euros sont prévus : 150 millions déjà votés et 150 millions qui restent, je crois, à voter.