La proposition d'utiliser les recettes correspondant au CICE pour supprimer les 5,4 % de cotisations familles des entreprises rejoint ce que dit en filigrane la Cour des comptes lorsqu'elle relève que la superposition du mécanisme du CICE, qui vise les emplois rémunérés jusqu'à 2,5 SMIC, et de la progressivité du taux de cotisation appliqué aux entreprises – différence entre les entreprises de moins de vingt et de plus de vingt salariés, exonérations successives entre 1 SMIC et 1,6 SMIC – aboutit, en l'occurrence, à une quasi-disparition des cotisations patronales.
Au regard des mécanismes de financement du CICE – à savoir 10 milliards d'euros de baisse de la dépense publique, 6 milliards d'euros d'augmentation de la TVA, 2 à 3 milliards d'euros issus d'une fiscalité écologique putative –, la suppression des cotisations patronales que vous suggérez équivaut à la budgétisation du financement de la branche. Selon vous, cette suppression n'est pas incongrue dans la mesure où les prestations sont universalisées. Pour la Cour des comptes, cela ne va pas de soi. La Cour estime en effet à 12 à 13 milliards d'euros – sur les quelque 50 milliards d'euros versés par la branche « famille » – le montant des prestations destinées à concilier la vie familiale et la vie professionnelle, favorables, on le sait, au taux d'emploi des femmes. Elle considère qu'il n'est pas illégitime que les entreprises, qui retirent un bénéfice de ces dispositifs, continuent à contribuer au financement de la branche famille.