Intervention de Élisabeth Guigou

Séance en hémicycle du 29 octobre 2013 à 21h30
Loi de finances pour 2014 — Débat sur les enjeux budgétaires européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉlisabeth Guigou, présidente de la commission des affaires étrangères :

Nous devons définir une véritable stratégie européenne en matière d’immigration. Bien sûr, cela implique la volonté de maîtriser les flux migratoires. Nous voyons à quelles difficultés d’intégration nous sommes confrontés face à ces pauvres gens poussés par la misère, par les persécutions, qui arrivent chez nous, qui s’entassent quand ils ne sont pas refoulés – car des règles s’imposent. Il ne s’agit pas de nier cette dimension.

Nous devons aller plus loin et être beaucoup plus volontaires. Pour cela, il nous faut des moyens budgétaires pour le contrôle des frontières mais aussi pour la lutte contre les passeurs clandestins. Si tant de personnes courent le risque de perdre leur vie avec toute leur famille, c’est parce qu’elles sont abusées par des passeurs qui leur soutirent de l’argent. Ceux-ci devraient être beaucoup plus punis par l’Union européenne.

Pour la période 2014-2020, la Commission a proposé de ramener à deux le nombre des fonds disponibles : d’une part, un fonds « Asile et migration », qui serait doté d’un plafond d’environ 3,1 milliards d’euros ; d’autre part, le Fonds de sécurité intérieure, dont un volet serait consacré au soutien dans le domaine des frontières et des visas, pour un plafond total d’environ 3,7 milliards d’euros. Ces chiffres ne sont pas insignifiants, loin de là, mais ces politiques devraient être de beaucoup plus grande envergure. La création d’une task force réunissant les services de la Commission, les États membres, ainsi que des agences européennes telles que FRONTEX, va également dans le bon sens.

Quant au Conseil européen des 24 et 25 octobre, il a ouvert la voie dans trois directions complémentaires, essentielles pour une approche globale et équilibrée des flux migratoires : la protection, la prévention et la solidarité.

Tout d’abord, il faudra veiller à renforcer FRONTEX et EUROSUR. Je sais votre détermination en ce domaine, monsieur le ministre. Nous ne sommes évidemment pas seuls, et il faut pouvoir convaincre. Dans cette lutte contre le trafic des êtres humains – car il ne s’agit de rien d’autre que de cela –, nous devons convaincre nos partenaires d’être beaucoup plus volontaires. Il faut améliorer la coopération avec les pays d’origine – après tout, l’Espagne a obtenu des résultats en suivant cette voie. Nous avons aussi besoin de davantage de solidarité : non seulement avec les pays d’émigration – seule une politique de développement apportera de véritables résultats –, mais aussi entre pays européens car il est inadmissible que les migrants en situation irrégulière se concentrent dans certains pays et, à l’intérieur de ces pays, dans certaines régions et dans certaines villes, sans qu’il y ait de solidarité suffisante entre États.

Monsieur le ministre, je m’adresse à vous parce que vous êtes au banc du Gouvernement.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion