Intervention de Gilles Savary

Séance en hémicycle du 29 octobre 2013 à 21h30
Loi de finances pour 2014 — Débat sur les enjeux budgétaires européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilles Savary :

Monsieur le ministre, nous venons de vivre en Bretagne des événements qui sont, d’une certaine manière, en relation avec le débat de ce soir. Ce n’est pas simplement parce que l’écotaxe s’inspire de la directive dite « Eurovignette », mais parce qu’elle est devenue le bouc émissaire d’un autre problème européen autrement plus sérieux pour les Bretons et pour notre industrie que l’écotaxe qui n’entraînera qu’une hausse de 0,3 % sur les prix.

L’écotaxe est donc devenue le bouc émissaire d’une souffrance sociale et économique de la Bretagne, souffrance liée, pour une bonne part, à la concurrence illégale et au dumping social auxquels se livrent en toute licéité juridique des pays qui n’ont pas de différentiels sociaux naturels : je pense à l’emploi massif de main-d’oeuvre low cost dans les abattoirs allemands, qui a en quelques mois, terriblement déstabilisé la filière agroalimentaire bretonne.

Vous parliez tout à l’heure de salaire minimum. Nous avons proposé, ici même, de fixer un salaire minimum de référence en Europe, filière par filière, à défaut de pouvoir en imposer un pays par pays. Nous devons progresser rapidement dès lors que les faits sont avérés. Puisque vous parliez de l’avancement de ces réflexions, ce qui est totalement nouveau à l’échelle européen, avez-vous bon espoir de les voir prospérer ? Pensez-vous qu’elles pourront être mises en oeuvre rapidement ?

Je vous poserai une question encore plus brutale : pourquoi la France n’intente-t-elle pas un recours contre l’Allemagne devant la Cour de justice de l’Union européenne, comme l’a fait, par exemple, la Belgique, elle aussi très déstabilisée, afin de pouvoir négocier rapidement sur un sujet très urgent ? Il est des moments où l’on ne peut pas se complaire dans la naïveté et persister à vouloir entretenir une amitié franco-allemande aveugle dès lors qu’elle sape un certain nombre de nos fondamentaux économiques. Je n’irai pas jusqu’à soutenir pour autant que les problèmes bretons ne sont liés qu’à cette question ; mais elle est terriblement délétère et elle dresse les ouvriers de ces pays les uns contre les autres, ce qui ne correspond pas à mon idéal européen et à mes engagements personnels.

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