Enfin, à l’occasion de ce budget puis de la loi de programmation militaire, nous discuterons des milliards d’euros qui pour certains suffisent ou de ceux que l’on aurait pu espérer en plus ; mais si la question budgétaire est très importante, le montant de la dépense n’est pas en soi un indicateur de son efficacité et notre débat ne doit pas se résumer à celui-ci. Rappelons-nous en effet les années 1930 : les forces politiques françaises ont fini par consentir un effort supplémentaire pour la défense, mais la doctrine était mauvaise. Il ne suffit donc pas de discuter du volume d’argent – suffisant ou excessif selon les parties – mais de son utilisation.
Permettez-moi une nouvelle suggestion : je ne remets pas en cause l’exercice institutionnel, absolument nécessaire, du Livre blanc, mais ce cadrage est par nature contraint. Il conviendrait de doser entre les institutions et de veiller, en parallèle de cette démarche institutionnelle, à ne pas scléroser le débat sur la défense. C’est là notre rôle de parlementaires. Nous devrions donc envisager la création, au sein de l’institution militaire comme de notre assemblée, de cellules de réflexion pour interroger de l’extérieur ce Livre blanc. Il s’agirait d’une réflexion assez libre, qui permettrait, en posant un certain nombre de questions, de valider ou d’interroger les options du Livre blanc, qui doit être un cadre et non une bible définitive.