Intervention de Claude Gewerc

Réunion du 15 octobre 2013 à 17h30
Commission d'enquête relative aux causes du projet de fermeture de l'usine goodyear d'amiens-nord, et à ses conséquences économiques, sociales et environnementales et aux enseignements liés au caractère représentatif qu'on peut tirer de ce cas

Claude Gewerc, président du conseil régional de Picardie :

Contrairement au Land allemand, la région ne possède pas de pouvoir réglementaire. C'est vous qui faites la loi, c'est eux qui doivent la respecter. La région s'occupe de la formation, mais pas de manière massive, puisque 80 % des crédits proviennent des organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA). Il faudrait clarifier le rôle de chacun et que vous mettiez en place des règles.

On prétend empêcher les sociétés de procéder à des licenciements boursiers. C'est pourtant bien ce qu'a fait Continental. Pourquoi ne pas obliger une entreprise à accepter une offre de reprise ou d'implantation d'une activité similaire à celle qu'elle abandonne, ce qui permettrait de conserver les savoir-faire ? Il faut aussi éviter d'exploser la sous-traitance. Autant de décisions qui relèvent du cadre législatif et non de la région. En revanche, celle-ci peut aider les entreprises en R&D et en formation, parce que c'est là que commence l'activité économique, liée à l'augmentation de la valeur ajoutée. C'est notre rôle, et c'est ce que nous faisons.

Pour que nous rencontrions les entreprises, elles doivent en avoir envie, car nul ne les oblige à dialoguer avec nous. Les Länder siègent au conseil d'administration des grands groupes allemands où, grâce aux banques régionales, ils jouent un rôle actif. Au moment de la crise d'EADS, avec plusieurs présidents de région, nous avons été reçus à Matignon par Dominique de Villepin. Ils étaient prêts à apporter 150 millions d'euros pour rentrer au capital de l'entreprise. Il nous a été répondu que cela ne se faisait pas, et que la somme était insuffisante. Les Länder ont apporté 450 millions. Je vous laisse comparer la manière dont le problème a été traité en France et en Allemagne.

Nous devons changer de culture pour devenir des acteurs de l'économie moderne. Le Gouvernement précédent affirmait qu'il ne voulait plus être un sleeping partner dans les conseils d'administration. C'est une excellente nouvelle, si le voeu devient réalité ! Les régions aussi en ont assez d'être des sleeping partners, alors qu'elles sont impliquées dans toutes les formes de création et d'animation qui ont trait à l'économie. Si les collectivités locales n'avaient pas créé la plateforme aéroportuaire de Méaulte et n'avaient pas financé la R&D, il y a longtemps que bon nombre d'entreprises auraient quitté la Picardie. Il serait bien que les collectivités aient voix au chapitre pour défendre les intérêts de la population.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion