Intervention de Bernadette Laclais

Réunion du 22 octobre 2013 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernadette Laclais :

Je prends la parole en mon nom et en celui de ma collègue Béatrice Santais ici présente. En 2011, 2,7 millions de poids lourds transitaient entre le Léman et la Méditerranée, ce qui représentait, pour le seul trajet Lyon-Turin, 2 millions de tonnes de rejet de CO2 ; à titre de comparaison, il reste à ce jour 1,2 millions de poids lourds sur les routes suisses, et l'ouverture du nouveau tunnel du Saint-Gothard allègera encore ce trafic. Voilà qui en dit long sur la lutte contre les émissions de gaz carbonique en Suisse et en France.

Sur le plan technique, la solution consistant à moderniser la ligne existante n'est pas recevable. En dépit de très lourds investissements – 1 milliard d'euros – sur le trajet Dijon-Modane et du renfort de locomotives de traction, la difficulté d'accès demeure en raison de pentes excessives menant à un tunnel situé à 1 300 mètres d'altitude. Certains opposants évoquent d'autres choix faits par d'autres pays, mais il s'agit souvent de pays de plaine, avec lesquels aucune comparaison n'est possible ; partout, dans les Alpes, c'est le modèle du tunnel de plaine qui prévaut. À cette forte déclivité s'ajoute le fait qu'entre Saint-André-le-Gaz et Chambéry la ligne est à voie unique, et qu'entre Culoz et Aix-les-Bains, la voie ferrée est quasiment en surplomb du lac du Bourget. Qui prendra la responsabilité d'intensifier le passage de fret, y compris de marchandises dangereuses, avec le risque accru d'accident et de pollution du lac que cela implique ? Seule une infrastructure de plaine moderne permettra un report modal significatif et efficace.

Ne pas percer le nouveau tunnel, c'est rendre durablement service à la route. Opposants au projet, trouvez-vous acceptable que les populations des Alpes suisses et autrichiennes soient protégées des rejets polluants du transport routier mais que la population des Alpes françaises ne le soient pas ? Trouvez-vous acceptable que la compétitivité des échanges économiques entre la France et l'Italie continue d'être gravement pénalisée au regard des échanges entre l'Allemagne et l'Italie qui bénéficient de tous les efforts conduits par la Suisse pour les franchissements alpins ? Si le trafic baisse dans les Alpes françaises, c'est qu'il se reporte ailleurs, au détriment de la France mais aussi l'Espagne ; c'est toute la question de l'équilibre économique de l'Union européenne qui est posée.

On parle beaucoup du coût de ce projet ; or, sans doute n'a-t-il jamais été aussi bien financé qu'il l'est aujourd'hui, avec les avancées intervenues au niveau communautaire. De plus, est-il correct d'imputer au projet Lyon-Turin le coût de projets qui seront réalisés de toute façon, tel le contournement ferroviaire de Lyon ? Enfin, la Cour des comptes intègre dans ses calculs les coûts italiens, qui n'ont pas être comptabilisés en France.

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