Intervention de François-Michel Lambert

Réunion du 22 octobre 2013 à 17h15
Commission des affaires européennes

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois-Michel Lambert :

On mentionne un coût de 8,5 milliards d'euros, mais je n'ai pas le sentiment que l'on s'en tiendra là puisque les voies ferrées devront être adaptées au nouveau gabarit. Pour quel coût réel le tunnel sera-t-il performant ?

Élu de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, je ne comprends pas comment le nouvel ouvrage détournerait les flux de camions qui passent dans la région. Quelles sont les offres et les alternatives ? La traversée alpine Est-Ouest devrait être envisagée du Jura à la Méditerranée, et le tunnel dans ce cadre global. Alors que les Italiens ont pratiquement terminé la mise à niveau de la liaison Gênes-Vintimille, ils ne trouvent aucune offre ferroviaire pour le fret au-delà de la frontière italo-française ; que d'incohérence !

Par ailleurs, le projet tient-il compte des améliorations en termes d'organisation et d'optimisation des chargements permises par les nouvelles techniques ? Prend-il en considération l'évolution technologique en général, qu'il s'agisse des wagons automatisés – qui permettent d'accéder à des rampes jusqu'alors inaccessibles –, de l'Internet physique qui sera prêt bien avant que le percement du tunnel soit terminé et qui révolutionnera probablement une grande partie des flux de marchandises et de la logistique ? Ces progrès techniques ont-ils été intégrés dans la réflexion sur un tunnel qui semblent plutôt une solution du XXème, sinon du XIXème siècle ? Et encore : on dit vouloir un corridor allant de la péninsule ibérique aux pays de l'Est, mais comment a-t-on pris en compte le très difficile passage des Pyrénées qui, de fait, limitera les mouvements ?

Il a été beaucoup question de la Suisse. Rappelons donc que, dans ce pays, les décisions ont été prises à la suite de deux votations par lesquelles les citoyens ont confirmé leur volonté de limiter le passage des camions sur le réseau routier. Ensuite, on a planifié le projet comme un ensemble cohérent, et non de manière éparse : on a décidé à la fois de creuser des tunnels, d'instaurer la redevance sur le trafic des poids lourds liée aux prestations, de renforcer l'organisation et le chargement des camions, et l'on a tout mis en oeuvre de manière coordonnée. Il s'agit bien d'une vision globale, qui n'a rien de commun avec la seule offre d'une infrastructure découplée de toute politique générale.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion