L'école de la République est la colonne vertébrale de notre société. Elle fait partie de notre idéal commun, de notre « ADN républicain », offrant à tous un accès à la connaissance et à la culture. Elle est porteuse d'émancipation – individuelle et collective – et doit avant tout instruire et porter au plus haut les citoyens français de demain. C'est en ces termes que nous voudrions tous pouvoir parler de l'école de la République.
Mais si l'idéal demeure, les faits sont bien plus durs : 15 à 20 % de nos enfants sortent de l'école primaire sans maîtriser correctement les savoirs fondamentaux de la lecture, de l'écriture et du calcul ; 150 000 jeunes quittent le système éducatif sans détenir de diplôme du cycle secondaire. Enfin, 60 000 « sortants précoces » se retrouvent sans formation et livrés à eux-mêmes dans une société et sur un marché du travail qui n'autorisent aucune faiblesse et n'épargnent personne.
Dans un tel contexte, le groupe UDI considère les enjeux de l'éducation et de la formation comme fondamentaux. Nous nous sommes tous surpris à faire le rêve d'une école de la vraie égalité de chances, pas celle proclamée mais celle constatée, et nous souhaitons faire de l'école un lieu de récompense du mérite. L'heure est désormais non plus aux rêves, mais bien à l'action. Nous nous devons donc d'être intransigeants sur ces questions.
S'il est une mission où le gouvernement a choisi de donner un signal fort de mobilisation pour la jeunesse, c'est bien la mission « Enseignement scolaire ». Les moyens sont globalement en augmentation, en particulier pour les programmes relatifs à l'enseignement scolaire du premier et du second degré, avec un effort supplémentaire de 320 millions d'euros.
Le constat pourrait s'arrêter là. De nombreuses questions demeurent pourtant sans réponse, en particulier quant à la pertinence de certaines dépenses.
Si le gouvernement affiche volontiers sa « véritable refondation pédagogique », qui reposerait sur un socle de connaissances, de compétences et de culture renouvelé, un mystère perdure : voilà deux mois que la rentrée scolaire a eu lieu, et nul ne semble en mesure de nous informer un tant soit peu sur les travaux et les conclusions du Conseil supérieur des programmes, ni de nous indiquer si oui ou non, ce fameux socle commun a été redéfini, et en quels termes.
Concernant les internats d'excellence, il semble bien que l'on ait changé l'étiquette sans modifier le contenu. On nous amuse avec des formules creuses dénuées de sens, du type « des internats d'excellence à l'excellence de tous les internats ». Mais lorsqu'il s'agit de débattre et d'organiser l'éducation de nos enfants et l'avenir de notre société, il y a mieux à faire. Il suffit pour s'en convaincre de se remémorer les chiffres accablants que j'évoquais il y a quelques instants.
Je réitère donc la question que j'ai posée lors de la commission élargie et qui attend toujours réponse. Quelle cohérence pédagogique et quel niveau d'exigence existe-t-il entre la logique des internats d'excellence et l'élargissement de ce projet à un plus grand nombre de places ? À défaut de ne pas être totalement contradictoires, il semblerait que ces deux objectifs soient relativement peu complémentaires. Il s'agirait essentiellement d'engager une réduction des coûts de ces internats, ce dont chacun connaît la difficulté.
J'en viens à la diminution substantielle des crédits liés aux actions éducatives complémentaires aux enseignements, et donc à la réforme des rythmes scolaires si chèrement défendue par le ministre contre vents et marées, quitte à verser dans le déni de réalité. La question est simple : comment mettre en adéquation une baisse des crédits dans ces actions et la restructuration de ces rythmes scolaires, qui apparaît comme l'une des priorités de la politique gouvernementale en matière d'éducation ?
Certes, les moyens financiers de cette mission « Enseignement scolaire » sont globalement au rendez-vous, mais le groupe UDI est convaincu que la copie mériterait d'être revue. Il s'opposera donc fermement à ce budget en trompe l'oeil.