Tout d'abord, comme on l'a vu au moment de la crise de 2008-2009, il est possible que des bateaux, qui partent d'Europe de l'Ouest ou d'Amérique du Nord vers l'Asie du Sud-Est, reviennent à vide. Pour l'éviter, les armateurs maritimes sont prêts à prendre du fret à des tarifs tout à fait concurrentiels.
Ensuite, je vous ai parlé de la complexité industrielle de notre industrie. Le pneu A n'est pas le pneu B, et même pour quelqu'un d'un groupe comme le mien, il est parfois difficile de faire la différence entre eux. Reste qu'il y a deux références. Il n'est donc pas possible de produire tous les pneus, pour un même pays, dans ce même pays. Cela nous oblige à jongler entre une organisation industrielle fortement mondialisée ou globalisée, et des marchés nationaux. On cite souvent en interne le fait que 80 % des pneumatiques vendus par le groupe Michelin dans un pays sont importés d'un autre pays dans lequel le groupe produit, et que 80 % des pneumatiques produits dans un pays sont exportés vers un autre pays, tout simplement parce que nous ne pouvons pas tout produire au même endroit.
Enfin, il y a un point d'équilibre à trouver. Quand des manufacturiers du Sud-Est asiatique ont fortement investi dans des usines de grande capacité dans leur pays mais n'ont pas encore, sur leur marché domestique, de quoi écouler leur production, alimenter ou approvisionner le marché européen ne représente finalement pour eux qu'un coût marginal. Autrement dit, le gain sera de toute façon supérieur au coût que représenterait le fait de ne pas pouvoir produire malgré les investissements engagés.