Premièrement, que pourrait faire le législateur, face à cette concurrence féroce ? Avant de mettre en place de nouvelles réglementations, il faudrait faire en sorte que les réglementations qui ont été adoptées soient effectivement respectées par l'ensemble des acteurs. Prenons l'exemple des huiles aromatiques : l'industrie pneumatique a investi au niveau mondial près de 350 millions pour s'adapter ; le groupe Michelin, pour sa part, en a investi plus d'une centaine. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tous les acteurs, notamment de ceux du Sud-Est asiatique. Pour autant, le fait d'avoir mené cette campagne de tests et d'en avoir publié les résultats a fini par porter ses fruits En effet, un acteur chinois important a annoncé qu'il allait cesser d'importer en Europe, investir et y revenir avec la ferme intention de concurrencer les autres acteurs.
De fait, ce qui est important pour les acteurs d'une industrie, quelle qu'elle soit, c'est que tout le monde soit sur le même pied d'égalité. Après, chacun concourt, sur la base de ses mérites propres, de la qualité de ses produits et de ce qu'ils apportent. Et heureusement, tous les clients ne basent pas leur décision d'achat uniquement sur le prix des produits.
Cela va bien au-delà des réglementations techniques sur le pneumatique. Prenons le prix de l'énergie. En France, il est relativement bas. En revanche, au Royaume-Uni, il est parmi les plus élevés d'Europe et parmi les plus élevés du groupe au niveau mondial. Lorsque j'y dirigeais la filiale du groupe, j'ai tenté très d'alerter le gouvernement britannique, comme le gouvernement écossais et d'Irlande du Nord, sur cette problématique. Encore une fois, si tout le monde concourt sur la base d'un jeu de règles commun à tous, la concurrence peut s'exercer dans des conditions normales. Ce n'est pas le cas lorsque, de par notre présence sur un continent, nous sommes soumis à règles qui ne s'appliquent pas à nos concurrents. Cela dit, la première des choses serait déjà de faire respecter la réglementation existante.
Deuxièmement, je ne participe pas au comité européen d'entreprise. En conséquence, je ne peux pas vous donner un témoignage de première main. Je peux malgré tout vous indiquer qu'il réunit effectivement autour de la table des représentants des organisations syndicales des différents pays européens dans lesquels nous produisons : représentants syndicaux britanniques, français, allemands, espagnols, hongrois, polonais, italiens. Nous avons constaté que la capacité à échanger très régulièrement, avec des points de vue différents, des cultures de dialogue social différentes selon les pays compte tenu de l'histoire, des règles et des habitudes de tout un chacun, est une source d'enrichissement et de progrès. M. Sénard, notre président, souhaite développer et faire vivre cette forme de dialogue. En fin de compte, que nous soyons en France, en Allemagne, aux États-Unis, en Chine, en Inde ou au Brésil, nous sommes d'abord et avant tout des Michelin et nous travaillons dans la même marque, dans le même sens. C'est ce qui est important.