Intervention de Denis Baupin

Réunion du 30 octobre 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin :

À notre collègue Martial Saddier qui demande s'il est encore raisonnable de continuer de s'assigner l'objectif de contenir le réchauffement en-dessous de 2°C, je demande, pour ma part, s'il serait raisonnable de l'abandonner, au risque de laisser notre destin et celui des générations futures nous échapper totalement, puisque tous les experts s'accordent à considérer que l'évolution du climat deviendra incontrôlée si la hausse de la température moyenne dépasse 2°C. Comme le disait Bertrand Pancher, il en va de l'avenir de l'humanité. Les générations futures nous jugeraient avec sévérité si, sachant ce que nous savons, nous n'étions pas aujourd'hui à la hauteur du défi à relever.

S'il est vrai que par le passé, l'Union européenne a tiré les conférences internationales sur le climat, j'ai le sentiment qu'elle est aujourd'hui à la traîne. Sera-t-elle en mesure à Varsovie de prendre des initiatives significatives pour relancer la négociation ? Est-elle disposée à conclure des alliances avec les États les plus moteurs, notamment ceux qui sont déjà les premières victimes du réchauffement climatique ? Acceptera-t-elle enfin de réduire ses émissions de 30 % ? L'objectif de 20 %, qui a été atteint, n'a pas suffi à inverser la tendance. Il est donc temps de se fixer un objectif plus ambitieux. Pour espérer tenir le facteur quatre à l'horizon 2050, c'est-à-dire avoir divisé par quatre les émissions, il serait cohérent de viser une réduction de 50 % en 2030.

Je vous rejoins, monsieur l'ambassadeur, sur l'intérêt de « l'agenda positif ». Il est important de faire comprendre que, dans le contexte actuel de crise, la lutte contre le réchauffement climatique représente également une opportunité de créer des emplois, d'améliorer le pouvoir d'achat – l'efficacité énergétique permettra que les ménages dépensent moins en énergie –, et de retrouver de la compétitivité pour les économies qui seront les premières à devenir les moins énergivores. Accueillant la conférence de 2015, la France se doit d'être exemplaire. Or, je n'ai pas l'impression que notre pays ait été en pointe lors des négociations européennes sur les nouvelles normes d'émissions des véhicules neufs : le report à 2024 de leur entrée en vigueur constitue un très mauvais signal.

La diplomatie française mobilisera l'ensemble de ses réseaux pour que la conférence de Paris soit un succès. Il faut s'en féliciter, de même que de la mobilisation des collectivités territoriales. Et, comme vous l'avez dit, monsieur le président, les parlementaires et leurs réseaux pourront être utilement mis à contribution. Certains chefs d'État s'abritent derrière la position, réelle ou supposée, de leur Parlement pour refuser toute concession, au motif que celui-ci ne suivrait pas : les Présidents américains se sont ainsi maintes fois abrités derrière le Congrès.

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