Intervention de Patrick Calvar

Réunion du 30 octobre 2013 à 10h30
Commission des lois constitutionnelles, de la législation et de l'administration générale de la république

Patrick Calvar, directeur central du renseignement intérieur :

À votre première question je répondrai qu'aucun service n'est infaillible et que l'on peut connaître des échecs. Une instruction judiciaire étant en cours, je ne peux naturellement m'exprimer sur le fond du dossier Merah. Nous sommes obligés de définir des priorités. Nous avons besoin de professionnaliser nos fonctionnaires et de développer nos capacités d'analyse.

Nous avons besoin d'étoffer nos effectifs avec de nouveaux talents. Des erreurs sont toujours possibles ; il faut en avoir conscience. D'ailleurs, dans certaines affaires nous avons heureusement échappé de peu à des conséquences très graves : ainsi l'affaire de la grenade jetée dans une épicerie à Sarcelles, qui aurait pu faire des victimes, ou le soldat qui a été poignardé à La Défense. Dans le cas de Sarcelles, on s'est aperçu après coup que l'auteur était connu de nos services.

Il existe actuellement beaucoup de profils différents de personnes qui peuvent commettre des actes violents, dont des cas qui touchent à la psychiatrie. Des filières très organisées agissent sur le long terme. Beaucoup de jeunes partent également en ce moment en Syrie, où ils évoluent dans un univers de guerre totale atroce, et l'on peut craindre l'état d'esprit dans lequel ils reviendront en France. Il y a enfin des personnes qui contestent violemment notre société, et qui peuvent passer à l'acte. Il nous faut aussi gérer la dimension médiatique : quelqu'un qui tue en se réclamant d'Al-Qaïda bénéficiera immédiatement d'un grand retentissement médiatique.

S'agissant, ensuite, des liens entretenus par la DCRI avec ses interlocuteurs étrangers, je rappellerai que l'objectif de ces liens est de coopérer avec les services de renseignement étrangers, à la différence des activités de la DGSE à l'étranger qui ont pour objet la recherche d'informations. En pratique, la DCRI a des échanges avec plusieurs dizaines de partenaires étrangers.

La relation avec le partenaire américain est une relation asymétrique : d'un côté, on ne peut pas se passer de la relation avec les services américains – comme l'a, du reste, montré l'affaire Merah, puisque la NSA l'avait localisé au Pakistan – mais, de l'autre côté, il n'est pas acceptable que ce partenaire continue à procéder comme il le fait à notre égard. Sachant que les révélations faites par le quotidien Le Monde sur les écoutes pratiquées par la NSA n'en sont vraisemblablement qu'à leur début, il est nécessaire de marquer un coup d'arrêt à ces pratiques.

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