Intervention de Corinne Bertoux

Réunion du 30 octobre 2013 à 16h00
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Corinne Bertoux, commissaire de police, chef de l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains, OCRETH :

Monsieur le président, l'Office central pour la répression de la traite des êtres humains dépend de la sous-direction de la lutte contre la criminalité organisée et la délinquance financière, elle-même rattachée à la direction centrale de la police judiciaire du ministère de l'intérieur. Cet office, à la tête duquel j'ai été nommée récemment, est chargé de coordonner au niveau national les investigations judiciaires en matière de lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains à des fins d'exploitation sexuelle, en partenariat avec les services d'investigation de l'ensemble du territoire, de la police et de la gendarmerie nationales.

Depuis une vingtaine d'années, une dizaine d'années surtout, la prostitution s'est transformée en apparence. Traditionnellement visible sur la voie publique, aux mains de clans ou de familles d'origine française ou européenne, de taille relativement réduite, faisant appel à des ressortissantes françaises ou européennes, elle a pris petit à petit la forme de réseaux organisés dont les victimes recensées sont à 80 % d'origine étrangère. Le phénomène s'est aggravé sous la pression des problèmes économiques rencontrés par certains pays au moment même où les transports, et donc la circulation des personnes, étaient facilités et les frontières plus faciles à passer. Parallèlement, on assiste à une nette recrudescence de la prostitution via Internet sous deux formes distinctes. D'une part, les réseaux classiques de prostitution de luxe en provenance de l'Est – Russie ou Bulgarie – organisent en quelque sorte des city tours avec des victimes qu'ils recrutent dans leur pays, avec ou sans violence. Elles vont de ville en ville, d'hôtel en hôtel, avant de repartir avec l'argent gagné. D'autre part, les petites annonces sur Internet sont utilisées par les réseaux organisés, qu'ils soient d'origine roumaine, bulgare, nigériane, africaine ou brésilienne. Bien sûr, les femmes sont visées plus particulièrement mais des hommes sont aussi concernés. Par ailleurs, autrefois concentrés surtout en région parisienne, les réseaux criminels étendent désormais leur emprise sur les grandes villes, et même les villes moyennes.

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