Intervention de Maîtresse Gilda

Réunion du 31 octobre 2013 à 10h00
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Maîtresse Gilda, porte-parole du Syndicat du travail sexuel, STRASS :

Le STRASS représente les travailleurs et les travailleuses du sexe, quel que soit leur type d'activité, quels que soient leur situation sociale ou leurs moyens d'exercer.

Je rejoins mes amis et collègues avec lesquels nous travaillons régulièrement : la pénalisation des clients est pour nous source d'inquiétude et la principale raison de notre opposition à cette proposition de loi. Vous connaissez d'ailleurs nos positions, que nous avions exprimées lorsque nous avions été auditionnés par la Mission d'information. Elles demeurent évidemment inchangées.

Nous avons constaté que l'ambiance s'était détériorée, en raison de la médiatisation de votre volonté d'accroître la pénalisation, alors même que les promesses d'abroger les dispositions qui répriment directement les travailleuses du sexe n'ont toujours pas été tenues. La proposition de loi qui a été votée en mars au Sénat n'est toujours pas inscrite à l'ordre du jour de l'Assemblée nationale, mais vous avez fait diligence pour installer cette Commission spéciale, afin de faire passer un texte qui réprime encore davantage le travail du sexe – sous couvert de nous protéger.

Il y a dix ans, lorsque M. Sarkozy, alors ministre de l'intérieur, avait proposé la loi réprimant le racolage passif, les arguments étaient exactement les mêmes : elle allait servir à lutter contre les proxénètes et à démanteler les réseaux, etc. Au bout de dix ans, on ne peut que constater que la précarité des travailleuses du sexe n'a jamais été aussi forte, que les entraves à l'accès aux droits et aux soins sont quasiment devenues la règle, que les violences n'ont cessé d'augmenter, tout comme la stigmatisation et les obstacles mis à l'exercice même du travail sexuel, que ce soit sur Internet ou dans l'espace public.

Si cette proposition de loi est adoptée, des « cyberflics » seront amenés à filtrer les messages et à surveiller ce qui se passe sur Internet afin de traquer, non plus les personnes prostituées, mais les clients. Reste que le résultat sera le même. Il y a dix ans, nous avions dramatiquement raison. Aujourd'hui, nous sommes là pour réaffirmer qu'on ne lutte pas contre les abus, contre les violences et contre la stigmatisation en pénalisant et en réprimant l'exercice du travail sexuel, mais en donnant des droits à ceux qui l'exercent.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion