Je travaille à Nantes, dans le cadre d'un programme s'adressant à des personnes en provenance de différents pays qui travaillent essentiellement dans la rue. Nous sommes ainsi souvent témoins de ce que le rapport de l'IGAS mettait en avant, à savoir la complexité et la diversité des situations.
Pourquoi pénaliser les clients si on veut lutter contre la traite ? Je pense que c'est la question à laquelle il faudrait que l'on réponde aujourd'hui.
À Paris ou à Nantes, nous avons déjà discuté de cette proposition de loi avec les intéressées. Nous savons que certaines, pensant que le texte était déjà voté, ont pris peur et ont modifié leur stratégie, s'enfonçant encore plus dans la clandestinité. L'adoption de ce texte ne peut qu'accentuer cette évolution. Or, comment lutter contre le trafic des êtres humains et travailler en proximité sur des questions de santé si cette population n'est plus accessible ?
Nous avons travaillé à Nantes auprès de personnes qui se prostituent en recourant à Internet, et c'était déjà compliqué. Les forces de l'ordre ont également du mal à lutter contre la traite dans ces conditions, car cela réduit leur possibilité d'obtenir les informations nécessaires auprès des clients ou des personnes prostituées.