Ce que vous venez de dire est complètement faux. On sait aujourd'hui, avec dix ans de recul, que, contrairement à ce qui est communément admis, la Suède n'est pas un paradis pour les travailleuses du sexe.
On considère communément qu'une majorité de Suédois approuverait la loi qui pénalise l'achat de services sexuels, considérant les travailleuses du sexe comme des victimes, mais la réalité, c'est que cette majorité regarde aujourd'hui les prostituées comme des délinquantes qui devraient être poursuivies pénalement au même titre que leurs clients. La stigmatisation des travailleuses du sexe est donc massive et entrave leur accès au droit, tout comme le contrôle social qu'elles subissent, notamment pour conserver la garde de leurs enfants.
En théorie, on peut penser que le statut de victime favorise la prise en charge par la police mais, dans la vraie vie, les choses ne se passent pas ainsi. D'ailleurs, avant l'instauration du délit de racolage, les migrantes sans papiers victimes de violences n'allaient pas davantage porter plainte.
Le délit de racolage passif aggrave évidemment la situation, mais ce n'est pas en nous collant sur le dos une étiquette de victime que l'on arrangera les choses. Ce qui importe, c'est de pouvoir accéder au droit commun sans dépendre d'une association agréée, qui déterminera si vous méritez ou non d'être défendue en fonction de votre mode de vie.