Intervention de Laurence Noëlle

Réunion du 31 octobre 2013 à 10h00
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Laurence Noëlle :

J'invite tous ceux qui défendent la prostitution à se mettre en porte-jarretelles et à aller faire le trottoir. Puisque c'est si bien que cela, qu'ils aillent donc s'exposer comme un rosbif, un objet, en porte-jarretelles, dans la rue – rien que cela – pour voir un peu ce que l'on peut ressentir. Est-ce valorisant, ou humiliant ? Qu'ils essayent donc, ceux qui prônent la prostitution – tout cela pour garder leurs bénéfices et continuer à aller payer des prostituées.

L'alcool et les médicaments. Toutes les femmes que j'ai rencontrées connaissent cette dichotomie : il y a la personne qui se prostitue, et puis il y a l'autre. Toutes disent connaître des problèmes de frigidité et des problèmes avec l'alcool. Moi-même, je ne commençais pas ma journée par le petit-déjeuner, mais par la bouteille de rosé et le rail de cocaïne. Lorsqu'on se prostitue – je parle en mon nom et en celui de celles que je connais – on fait la morte : on ne ressent rien. Il faut le savoir, elles font toutes semblant. Ce sont des actrices. Comment dire « Tu me fais vomir » au client ? Il a payé ! Mais lui s'entête à croire qu'elle prend du plaisir. Les problèmes de frigidité, d'alcool et de drogue peuvent perdurer très longtemps. On fait tout pour ne rien ressentir. On anesthésie son corps. J'en ai pris conscience lorsque j'ai suivi une psychothérapie : lorsque j'ai commencé à ouvrir les vannes du ressenti, mon corps s'est enfin mis à parler – des nausées, des malaises, des contractures musculaires. Cela a été très pénible. Mais tant que l'on se prostitue, on ferme le ressenti du corps – c'est l'anesthésie totale – par tous les moyens possibles.

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