Intervention de Florence Poivey

Réunion du 6 novembre 2013 à 9h45
Commission des affaires économiques

Florence Poivey :

La fédération a bien sûr conscience de l'évolution actuelle en matière d'innovation et de concurrence, mais les secteurs et les évolutions technologiques sont mouvants. Certaines de nos innovations vont même à l'encontre d'anciennes industries comme la métallurgie en matière de robinetterie, de voitures, ou des avions sophistiqués dont la fabrication utilise de plus en plus de plastique. La difficulté aujourd'hui consiste à créer une nouvelle dynamique pour une PME lorsque le marché sur son secteur évolue. De manière générale, l'innovation reste une opportunité car elle crée un environnement global qui nous permet, en tant que jeune industrie, d'être au rendez-vous des innovations d'avenir.

Par ailleurs, pour répondre à la première question de M. Abad, le sujet des relations entre les donneurs d'ordres et les sous-traitants est clé pour la plasturgie. Nous sommes essentiellement des entreprises de sous-traitance prises en étau entre des donneurs d'ordres et des fournisseurs, qui sont tous des géants. La fédération de la plasturgie voit les évolutions apportées par le gouvernement précédent et par la mise en place d'un comité stratégique de filière, de manière très positive. Nous avons en effet intégré le comité stratégique de filière chimie-matériaux, ce qui a pour effet d'améliorer l'écoute et le dialogue dont nous pouvons bénéficier de la part de nos fournisseurs. Depuis un an, on constate une amélioration des relations avec eux au sujet du coût des matières premières. La filière plasturgique n'a que peu d'influence sur l'importante filière chimique, mais nous oeuvrons pour que cette dernière nous donne les informations dont nous avons besoin en amont pour pouvoir anticiper. Rien n'est plus délicat pour une entreprise que devoir faire face à des fournitures non-conformes à la commande ou à des annulations de livraison par exemple. Il s'agit de rendre le quotidien plus positif.

Les relations avec les producteurs de matière plastique en France, de même qu'au niveau européen, ont un impact fort sur les entreprises de la plasturgie. Nous avons ainsi signé récemment avec les fournisseurs la charte spécifique fournisseurs-transformateurs, qui est adossée aux chartes portées par la médiation des relations inter-entreprises de M. Pelouzet, dont les actions sont fortement appréciées.

Ensuite, le dialogue a été apaisé avec les donneurs d'ordres : pourvoir communiquer ensemble et faire notamment comprendre les contraintes de coût réel, est essentiel. Par exemple, si une PME demande une augmentation à son client alors que l'environnement général n'est pas porteur de ces problématiques de coût de la matière, elle risque d'être déboutée ou remise en concurrence.

En outre, le vrai souci est l'avenir de la production des matières premières en France. Aujourd'hui le coût de production de la granule en France est entre 40 % et 50 % plus cher qu'au Moyen-Orient ou aux États-Unis. Cela freine les investissements sur les sites de production, et la plasturgie se retrouve victime des difficultés des sites non performants, en termes de qualité, de rupture, d'approvisionnement, de compétitivité-coût…

Cette différence s'explique au Moyen-Orient par une technologie différente, à base de gaz. Les sites, en multiplication, se situent donc à proximité des sources de gaz. Comme ces pays progressent, on peut s'attendre à ce qu'ils en viennent à transformer eux-mêmes la matière première et donc qu'ils deviennent des concurrents directs. De plus, si l'on délocalisait nos usines de transformation là-bas, la question des débouchés se poserait ensuite. Quant aux États-Unis, la différence réside principalement dans le coût de l'énergie qui est moindre qu'en Europe depuis l'exploitation des gaz de schiste.

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