Intervention de Anita Tostivint

Réunion du 5 novembre 2013 à 9h30
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Anita Tostivint, conseillère technique au Centre national d'information des droits des femmes et de la famille :

Le CNIDDF assure la direction nationale d'un réseau de 114 CIDDF. Répartis sur l'ensemble du territoire national, y compris les départements et territoires d'outre-mer, les CIDDF couvrent 1 387 points d'information de proximité, en milieu urbain, en milieu rural et dans les zones sensibles.

Les CIDDF exercent la mission d'intérêt général, que leur a confiée l'État, de favoriser l'autonomie sociale, professionnelle et personnelle des femmes ainsi que de promouvoir l'égalité entre les femmes et les hommes. Ils informent, orientent et accompagnent toutes les femmes dans les domaines de l'accès au droit, de la lutte contre les violences sexistes, de l'emploi, de l'éducation et du soutien à la parentalité.

Les violences masculines commises contre les femmes sont dénoncées depuis les années soixante-dix par les associations féministes et font l'objet d'une législation qui s'est progressivement renforcée pour ce qui est de la sanction des auteurs et de la sécurité des victimes, mais demeure insuffisante en matière de prévention.

Lors de la quatrième conférence mondiale des femmes qui s'est tenue en 1995 à Pékin, l'Organisation des Nations unies a reconnu que les violences faites aux femmes –violences au sein du couple, viols et agressions sexuelles, harcèlement sexuel, y compris au travail, mutilations sexuelles, mariages forcés et prostitution – constituent un tout et forment un continuum.

Aujourd'hui, de nombreux chercheurs et universitaires partagent l'analyse des associations féministes, selon laquelle les violences faites aux femmes ne découlent pas de la différence biologique entre les sexes ni ne relèvent d'accidents relationnels isolés entre un homme et une femme. Elles participent d'un système historiquement structuré, dans lequel les hommes et les femmes ont occupé, et occupent encore, des positions inégalitaires. Elles ont toutes pour fondement la domination masculine.

La prostitution inclut toutes les violences : violences physiques avec les actes de barbarie et la torture, violences économiques avec le racket et le vol, violences sexuelles, viol…

Dans une société encore patriarcale, elle traduit une volonté de domination et d'appropriation du corps des femmes. Comme l'a fort bien résumé le Front des Norvégiennes, que je me permets de citer : « Les garçons naissent dans une société où ils apprennent que le sexe est basé sur leurs pulsions et leurs besoins, tandis que les filles apprennent à percevoir leur corps comme un objet à façonner pour éveiller la sexualité des garçons, c'est-à-dire au bénéfice de quelqu'un d'autre. La société entraîne le garçon à être et se penser comme un sujet, et la fille à être et se penser comme un objet. »

Le CNIDFF demande donc l'abolition du système prostitueur qui non seulement constitue une violence mais est aussi un obstacle fondamental à l'égalité entre les femmes et les hommes.

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