Intervention de Emmanuelle Piet

Réunion du 5 novembre 2013 à 9h30
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Emmanuelle Piet, présidente du Collectif féministe contre le viol :

Ulla, qui était à la tête du mouvement des prostituées en 1975 et clamait à l'époque qu'elle avait choisi la prostitution et n'avait pas de proxénète, demande aujourd'hui : « Comment avez-vous pu me croire ? » Les femmes victimes de violences conjugales, elles aussi, assurent pendant longtemps que leur conjoint ne les frappe pas et trouvent toujours une explication aux traces de coups qu'elles portent. Il faut d'abord qu'elles parviennent à échapper à l'emprise de celui qui les violente pour parler. Il en va de même pour les personnes prostituées. Si quelques-unes exercent la prostitution comme un métier librement consenti, elles pourront continuer : la future loi ne les en empêchera pas. Mais j'ai vraiment du mal à croire que l'on puisse choisir un métier où l'on risque sa vie souvent, la maladie en permanence et les violences toujours. – à moins d'avoir été détruit sur le plan psychologique.

Alors que le CFCV s'était porté partie civile pour une personne prostituée qui avait été violée par plusieurs clients avec notamment introduction de téléphone portable dans le vagin et autres violences extrêmes, nous avons fini par découvrir qu'alors que cette personne assurait avoir « choisi » la prostitution, elle avait été victime à l'âge de treize ans d'un viol en réunion commis par quinze jeunes. Prête à se battre pour que les prostituées ne soient pas violées – elle avait souhaité un procès aux assises qui lui fut refusé pour n'avoir lieu finalement qu'en correctionnelle –, elle n'en vivait pas moins avec un compagnon très violent, qui profitait de ce qu'elle gagnait et exigeait qu'elle continue de se prostituer.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion