Intervention de Stéphane Travert

Réunion du 6 novembre 2013 à 9h30
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaStéphane Travert, rapporteur pour avis :

À vous écouter, mes chers collègues, je me croirais presque sur France 3 : ici aussi, les programmes sont rediffusés – puisque j'ai entendu ce matin des propos déjà tenus hier soir – voire multi-diffusés, car je les réentendrai certainement dans l'hémicycle la semaine prochaine…

Nous, élus locaux, sommes viscéralement attachés à France 3, qui est notre lien avec le service public audiovisuel. La chaîne est riche d'un maillage exceptionnel et d'équipes qu'animent un fort esprit « maison », la passion du métier et la volonté de faire d'elle un véritable outil d'information régional. C'est une forme de déconcentration de l'organisation et, surtout, de l'éditorial qu'il s'agit d'opérer, car c'est dans les territoires, dans les régions que réside l'identité de France 3, par différence avec France 5, la chaîne des savoirs – une jeune chaîne dont on peut en effet saluer le succès et la capacité à trouver son public. Alors que la création des quatre pôles nationaux était censée fluidifier l'organisation technique et administrative, ce sont désormais eux qui font la vie éditoriale des chaînes. Quant au périmètre des pôles, quel lien peut-il y avoir entre France 3 Cherbourg, par exemple, et France 3 Vanves – où l'on traite l'actualité francilienne – , de sorte qu'y coexistent une rédaction nationale et une rédaction locale qui peine à trouver ses marques ? S'inspirer du modèle de France Bleu, c'est vouloir irriguer la République par les territoires, pour reprendre la belle métaphore de Marie-George Buffet. Ce maillage exceptionnel dont nous disposons, nous devons l'utiliser. Il y a dans les territoires des forces vives qui peuvent fournir, en s'appuyant sur les innovations culturelles et technologiques, des sujets exploitables par la chaîne régionale.

Selon les informations communiquées par la chaîne, le volume de diffusion de programmes régionaux a singulièrement augmenté. Encore faut-il que les horaires de diffusion tiennent compte du public visé : comment, entre neuf et onze heures du matin, toucher les jeunes, les étudiants, les chefs d'entreprise, les actifs ? De même, il est regrettable que les informations locales ne soient plus rediffusées en deuxième partie de soirée, car cela prive la population active, qui peut difficilement regarder le journal télévisé à dix-neuf heures, d'une information de proximité.

Le CSA, doté par la loi d'un pouvoir de nomination, mais aucunement de tutelle, doit impérativement se recentrer sur ses missions, qui sont nombreuses. L'audition à laquelle nous avons procédé le montre : le CSA ne connaît pas France 3. Doit-il y consacrer plus de moyens, plus d'attention ? On peut même se demander s'il s'intéresse, de près ou de loin, à l'avenir de cette chaîne qui concerne les territoires, bien loin de Paris.

À la suite des conclusions de la mission confiée à Mme Anne Brucy, la réforme de France 3 devra faire l'objet d'un engagement résolu du président de France Télévisions et être inscrite au coeur du prochain mandat. En outre, le futur président devra être évalué sur la mise en oeuvre de cette réforme.

S'agissant des outre-mer, je suis d'accord avec mes collègues Jean Jacques Vlody et Patrick Lebreton : France Ô est totalement marginalisée au sein de France Télévisions, son audience est confidentielle, ses contenus ne sont pas produits par les outre-mer, et elle fournit à France Télévisions une excuse pour ne parler sur aucune autre chaîne des outre-mer, pourtant parties intégrantes de la République.

Nous devons fixer un cap clair à France Télévisions et faire qu'elle dispose des effectifs nécessaires. Les équipes nous l'ont dit, elles sont freinées dans leur élan alors qu'elles pourraient produire des programmes plus nombreux et meilleurs à moyens constants.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion