Monsieur Pouzol, notre collègue Michel Françaix, qui appartient à votre groupe, a dressé l'année dernière un état des lieux intéressant, au terme duquel il appelait avec raison à une refonte totale du dispositif. Or le PLF ne prévoit aucune réforme, se contentant de réduire le montant des aides. Quant à la fusion des trois sections du fonds stratégique, c'est une mesure de simplification qui est surtout cosmétique, hélas. Enfin, la situation des diffuseurs est préoccupante, comme en atteste la fermeture de nombreux points de vente, mais la réduction de l'aide postale ne contribuera pas à revaloriser leur rémunération, qui pâtit de la crise des niveaux 1 et 2 du système de distribution. Sur ce point, notre inquiétude demeure donc vive.
S'agissant du basculement vers l'Internet, la presse est au milieu du gué, contrainte de se moderniser et d'être inventive pour préserver l'attrait du journal papier, mais aussi de proposer des sites Internet performants, ce qui suppose des investissements considérables, sans la moindre garantie de rentabilité, faute de modèle économique. En outre, les recettes publicitaires de la presse papier baissent et la publicité en ligne est faiblement rémunérée. La presse papier va-t-elle disparaître ? Nul ne le sait, nul ne maîtrise le calendrier.
La ministre nous a assuré hier soir que l'on irait vers une TVA à 2,1 %, sur la presse en ligne ce qui résorbera fort heureusement un écart considérable.
La nécessité d'une plus grande transparence dans la répartition des aides a été évoquée. Des efforts ont été réalisés – ainsi la direction générale des médias et des industries culturelles du ministère publie-t-elle désormais en ligne le montant des aides directes par titre – mais il faut aller plus loin et rendre public les montants des aides indirectes et les montants rapportés au nombre d'exemplaires diffusés. Cela mettrait en évidence les distorsions que j'ai évoquées précédemment.
Je ne peux conclure sans lancer l'alarme. Les entreprises de presse sont extrêmement inquiètes quant à leur avenir et nous avons lieu de l'être également. La presse, fenêtre de la démocratie, est en danger. Elle affronte la révolution numérique et son lectorat vieillit sans que nul ne sache s'il se renouvellera. Nous devons faire preuve de la plus grande vigilance pour que la presse française continue d'exister.