Celles et ceux qui évoquent la liberté de choix sont, ou bien les clients, ou bien les personnes mises en avant par le STRASS. Car ce qui n'est jamais formulé, lorsqu'on parle de liberté de choix, ce sont les violences que subissent toutes les personnes prostituées, qu'elles se disent volontaires ou non. Maîtresse Gilda, qui revendique la liberté de choix, a demandé dans des écrits internes aux membres du syndicat de ne jamais parler des violences subies.
Celles et ceux qui revendiquent la liberté de choix, ce sont aussi les clients, comme ceux qui ont écrit cet article infâme qui, de par son contenu et son titre, est une véritable ignominie. Ce sont également les personnes qui ont des visées réglementaristes et souhaitent que la loi considère la prostitution comme un métier comme un autre, ce qui règlerait la question de la traite, qui, selon eux, ne concerne que 10 % des personnes prostituées, les autres étant toutes volontaires. Leur mauvaise foi est flagrante, car la réalité est toute autre et les personnes en situation de prostitution sont, pour l'écrasante majorité d'entre elles, victimes de la traite. La meilleure preuve en est que dans les pays qui ont choisi le réglementarisme, comme les Pays-Bas, le nombre de personnes prostituées a explosé. En l'absence de frein, les proxénètes placent plus de femmes et de jeunes garçons en situation de prostitution et gagnent encore plus d'argent. Le réglementarisme ne répond en rien au problème.
Croyez-vous qu'une personne stigmatisée en tant que prostituée avoue aisément qu'elle n'est pas libre ? Vous souvenez-vous d'Ulla qui, dans les années 1970, était la porte-parole du mouvement des prostituées de Lyon et qui affirmait alors qu'elle n'avait pas de proxénète et qu'elle se prostituait de son plein gré ? Il y a quelques années, elle a avoué dans une émission de télévision que nous avions eu tort de la croire, que, bien sûr, elle avait un proxénète. Connaissez-vous une personne qui se reconnaît comme une victime ? Même les femmes victimes de violences conjugales choisissent de rester avec leur mari.
J'en viens à l'argument du risque sanitaire. Nous aussi, nous nous préoccupons de la santé des personnes prostituées, dont la santé physique, psychique et parfois psychiatrique est très détériorée. Vouloir s'occuper en priorité du sida, c'est bien, mais les personnes prostituées sont déjà dans l'illégalité. La rue ou Internet ne sont que des moyens d'entrer en relation avec les clients, mais l'acte sexuel est toujours caché. Le « tout sanitaire » ne changerait en rien la réalité. En revanche, les risques sanitaires seront moindres si la personne prostituée a la possibilité de dire à son client, si elle n'accepte pas telle ou telle pratique, qu'elle va le dénoncer à la police.