Intervention de Geneviève Duché

Réunion du 6 novembre 2013 à 13h30
Commission spéciale pour l'examen de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel

Geneviève Duché, présidente de l'Amicale du Nid :

La prostitution en milieu étudiant n'est pas différente de celle des autres jeunes en général. Signalons tout de même que, s'agissant de l'enquête dont vous parlez, elle a été faite à Montpellier, ville qui n'est pas loin de la Junquera, elle-même incitative à l'achat d'acte sexuel. Les résultats de l'enquête doivent être rendus publics à Montpellier, devant Mme Najat Vallaud-Belkacem, dont nous attendons la visite pour officialiser les résultats.

Sur les 1 800 étudiants interrogés, 4 % ont déclaré avoir au moins une fois échangé un acte sexuel contre de l'argent ou un service – un chiffre conforme à ce qu'avait annoncé un syndicat étudiant il y a quelques années et qui avait surpris en annonçant 40 000 étudiants, surtout des étudiantes, prostitués – ; et 3 % avoir été clients. C'est beaucoup aussi. À 55 ans, 25 % des hommes ont été au moins une fois clients.

Quant à l'avenir des prostituées, j'ai ressenti aussi ce que Grégoire Théry a décrit. Quand elles ont appris la prise de position du Nid, certaines ont demandé à rencontrer la présidente de l'association, notamment à Marseille, parce qu'elles n'étaient pas du tout d'accord. Nous les avons rencontrées. Parmi elles, presque aucune n'était soumise à la traite puisque celles qui le sont ne sont pas libres de prendre une demi-journée pour venir discuter. Les prostituées étaient indignées, mais on leur a demandé de décrire ce qu'elles vivent, et, très vite, elles ont expliqué les violences qu'elles subissaient de la part des clients, les pathologies dont elles souffraient et disaient à la fin qu'elles n'en pouvaient plus. Elles concluaient en demandant comment en sortir sachant qu'il leur faudrait vivre avec 300 euros par mois. Elles exprimaient leur angoisse devant la précarité profonde dans laquelle elles allaient se trouver, a fortiori si elles avaient 45 ans ou plus car les chances de reconversion reculent évidemment avec l'âge, surtout qu'elles n'ont pour la plupart aucune éducation. Le vrai problème, c'est l'accompagnement dans la recherche d'une solution alternative, sachant que le plus tôt sera le mieux pour éviter que les femmes ne s'enferment dans la prostitution.

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