Intervention de Monique Rabin

Séance en hémicycle du 13 novembre 2013 à 15h00
Loi de finances pour 2014 — Économie

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMonique Rabin, rapporteure spéciale de la commission des finances, de l’économie générale et du contrôle budgétaire :

Monsieur le président, madame, messieurs les ministres, mes chers collègues, même si la situation du commerce extérieur français est loin d’être satisfaisante, nous pouvons cependant nous réjouir de l’amélioration de la tendance. Sur la période 2011-2014, le solde de notre balance commerciale devrait être ramené de 74 milliards d’euros, record absolu, à 53 milliards d’euros en 2014. Dans la suite du rapport Gallois, Mme Bricq et le Gouvernement ont engagé une politique très volontariste pour rassembler les énergies, moderniser l’action publique et rendre visible le savoir-faire français.

Cela s’est traduit par des mesures concrètes, que je vais très rapidement esquisser. J’évoquerai, premier point, l’organisation des acteurs du commerce extérieur derrière les régions confirmées comme chefs de file. Aujourd’hui, la BPI développe une activité export et s’appuie sur des chargés de missions internationaux, salariés d’UBIFRANCE, pour accompagner les entreprises. Mille entreprises de taille intermédiaire à fort potentiel font l’objet d’un traitement spécifique et d’un accompagnement personnalisé inscrits dans la durée. J’apporterai cependant un bémol sur la place des chambres de commerce et d’industrie, lesquelles ne souhaitent pas forcément limiter leur champ d’action sur les primo-exportateurs. Nous devrons réfléchir et avancer avec elles sur ce sujet.

Deuxième point, la modernisation de l’action publique : UBIFRANCE, dotée dans ce budget de 97,8 millions d’euros, se recentre sur un travail de détection plus que sur le financement de missions à l’étranger.

Troisième point, l’offensive commerciale : le ministère propose une offre commerciale associant quatre familles de produits et de services vers quarante-sept pays identifiés comme porteurs. Je dois dire que cette idée est bien comprise, comme j’ai pu le constater sur le terrain. Elle pousse les entreprises au dialogue et au partenariat.

Quatrième point : la promotion du savoir-faire français : nous savons que le Gouvernement a travaillé, d’une part, sur l’internationalisation des normes françaises, qui sont un véritable frein, parce que nous ne réussissons pas dans ce domaine et, d’autre part, sur la marque France. Nous sommes un pays d’ingénieurs, nous devons devenir un pays de commerçants.

L’autre volet est celui de l’attractivité, dont le budget est retracé sur les crédits de l’action 20 de la mission « Économie ». Il s’agit du financement de l’AFII – Agence française pour les investissements internationaux –, dont la mission d’accompagnement des entreprises étrangères investissant en France contribue à créer ou maintenir plus de 12 000 emplois par an. Les résultats de l’AFII n’ont pas faibli, en dépit de restrictions budgétaires, puisque, entre 2010 et 2015, la subvention versée par l’État diminue de 17 %, passant à un peu moins de 20 millions d’euros cette année.

Je veux d’ailleurs avoir un mot pour cette agence, dont le bilan est critiqué chaque année par des cabinets de consultants internationaux qui se gardent bien d’expliciter leurs méthodes statistiques et font abstraction des emplois maintenus.

Le Gouvernement de Jean-Marc Ayrault est très engagé sur l’optimisation des moyens et j’espère que, dans la suite du comité interministériel pour la modernisation de l’action publique du 17 juillet, nous pourrons très logiquement rapprocher ces opérateurs de l’État – UBIFRANCE et AFII –pour dépenser moins tout en renforçant l’efficience globale. En écoutant M. Woerth, je me disait que l’on pourrait peut-être associer Atout France à cette réflexion.

Le commerce extérieur exprime une situation économique globale, que la ministre a traduite en disant que le chiffre du commerce extérieur est, le plus souvent, « le juge de paix de nos faiblesses ». D’où cette question en guise de grande conclusion : comment notre économie se porte-t-elle et est-elle capable d’exporter ? Les projections du FMI jusqu’en 2018 sont meilleures que pour d’autres pays, dont le Royaume-Uni, et la croissance de la France, même si elle est faible, reste meilleure que celle des Pays-Bas. De même, le récent commentaire de M. Krugman, prix Nobel d’économie, sur l’État de la France devrait nous donner confiance : notre pays enregistre de meilleures performances de PIB que le Royaume-Uni et il en va de même pour la dette. L’action du Gouvernement depuis dix-huit mois est reconnue.

J’ai encore entendu Louis Gallois ce matin, lors d’une audition. L’économie française se relève. Puissent les médias entendre cela ! Mais la France est attaquée, plus sur le plan de l’idéologie que sur son économie. Les consultants internationaux à la pensée unique n’aiment pas notre modèle français. Je préfère, quant à moi, chers collègues, des hausses d’impôts pour ceux qui peuvent en payer et qui n’auront pas assez de leur vie pour dépenser leurs économies non productives. Je préfère la préservation de notre modèle social aux millions de travailleurs qui vivent en Allemagne sous le seuil de pauvreté.

La France est aussi attaquée de l’intérieur. En témoigne le climat actuel. Chers collègues, c’est d’union nationale que nous avons besoin, et pas de commentaires politiciens sur toutes les ondes. Chez nos amis allemands, l’équivalent du plan de François Hollande a été porté par deux Chanceliers différents sur l’échiquier politique et trois majorités successives ! Oui, il faut, pour cela, du temps long. Notre problème est un problème de moral et de confiance. Or je sais que ceux qui souffrent parce qu’ils sont au chômage ou parce que leur entreprise est en difficulté n’ont pas le temps d’attendre. Cependant, dès 2014 – n’est-ce pas, monsieur le ministre de l’économie ? –, nos concitoyens ressentiront l’amélioration de leur pouvoir d’achat.

Le commerce extérieur est donc le juge de paix de l’économie. Les indicateurs sont meilleurs pour elle, ils seront meilleurs pour lui. Le Gouvernement se donne les moyens. Une ministre de plein exercice fait preuve de beaucoup de volontarisme. Je vous invite à les suivre en votant ce budget. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)

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