Intervention de Jacques Krabal

Réunion du 13 novembre 2013 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Krabal :

Ce projet de loi, attendu depuis longtemps par tous les élus, est un bon exemple de politique ambitieuse, et même courageuse, pour réformer le pays dans la justice. Je rappelle, au nom du groupe RRDP, que la politique de la ville est en effet critiquée depuis toujours pour l'extension et l'enchevêtrement des zonages, l'organisation dispersée de la gouvernance, le peu de fiabilité des évaluations – quand elles existaient – et l'éparpillement des moyens au détriment d'un ciblage plus pertinent. Nous devons donc prendre acte des échecs de cette politique pour l'améliorer et la réformer véritablement, même si nous savons que c'est difficile. Ce constat implacable de l'incapacité de celle-ci à inverser les tendances lourdes de la dégradation des conditions de vie dans certains quartiers défavorisés a été fait dans un rapport sévère de la Cour des comptes, en juillet 2012.

En dépit des efforts de nombreux acteurs sur le terrain et des résultats en matière de rénovation urbaine, les quartiers touchés par une grande précarité sociale souffrent de la persistance d'inégalités ancrées, contre lesquelles nous devons concentrer nos efforts, et cela d'autant plus que la crise économique et sociale a des effets plus durs sur leurs habitants et que, dans ce contexte, un regain de tension et de violence est à craindre. La propagation des images que diffuse aujourd'hui la télévision aggrave ce risque. Nous devons condamner ces actions avec fermeté. Leurs auteurs et les casseurs doivent être arrêtés.

Afin d'éviter les erreurs commises par les précédentes tentatives de réforme de la politique de la ville, ce projet de loi a été élaboré à la suite d'une longue et vaste concertation, intitulée « Quartiers : engageons le changement », à laquelle nous avons été associés à plusieurs reprises. Tous les acteurs concernés ont pu s'exprimer, participer aux groupes de travail et proposer des recommandations, souvent très intéressantes. Nous saluons cette méthode qui a déjà fait ses preuves – je pense à la réussite du Grenelle de l'environnement.

Le projet de loi simplifiera d'abord les structures de soutien aux banlieues défavorisées. Ce n'est pas trop tôt : le système actuel de soutien aux quartiers prioritaires empile plusieurs dispositifs et cette complexité nuit à la lisibilité, à l'efficacité et à la cohérence. La définition des nouveaux quartiers prioritaires de la politique de la ville se fera sur la base d'un critère unique : le revenu des habitants. Les zones où la moitié de la population perçoit moins de 60 % du revenu fiscal médian, c'est-à-dire moins de 11 000 euros, seront éligibles. Les autres indicateurs sociaux ne sont donc plus pris en compte. Il s'agit là d'un choix fort qui, s'il peut apparaître aveugle sur d'autres critères, présente l'avantage de concentrer les efforts sur les poches de grande pauvreté, afin d'éviter le saupoudrage. Ce n'est plus le fait du prince qui s'applique, mais une analyse rationnelle, et je salue cette mesure.

Le projet de loi s'accompagnera d'une réduction du nombre de zones aidées, qui passera de 2 500 à 1 200 – autant dire que cette nouvelle géographie prioritaire sème le trouble chez de nombreux élus. La liste des quartiers prioritaires sera cependant révisable tous les deux ans afin de pouvoir rattraper d'éventuelles erreurs. Du reste, la sortie du dispositif pourrait aussi être motivée par des améliorations.

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